Tout est noir, tout est sombre, tout est froid… Allongée sur un sol glacé et humide, seule la perception de cette froideur m’était alors devenue possible, bien qu’inconsciente… Humide, tout était humide… C’était comme si cela pénétrait à l’intérieur de ma chaire pour se déplacer jusqu‘à mes os et venir peu à peu les attaquer. C’était comme ci cette bulle dans laquelle je me trouvais venait prendre possession de moi sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, prisonnière d’un monde dont je n’avais même pas conscience. Ce que je faisais là ? Je le savais encore moins, je n’avais même pas conscience d’y être, sombrant juste dans une noirceur qui n’était autre que mon esprit. Glisser, tomber… Oui, c’était la sensation que j’avais alors que peu à peu, je disparaissais…
J’étais dans une bibliothèque, entourée de ses grimoires à l’odeur ancienne et poussiéreuse... Cette odeur… je pouvais la percevoir et la reconnaitre les yeux fermés. Mes narines me piquaient rien que par le toucher de cette molécule, de cette particule volatile et néfaste peut-être qui était là pour marquer le temps qui passe. Il suffisait que je reste ainsi encore un peu plus longtemps et mon nez allait tellement me piquait que j’allais éternuer. Drôle de comportement je sais, mais à défaut de faire comme les autres, j’avais toujours agis autrement, et j’aimais ça. J’aimais être différente, j’aimais ne pas faire pareil, et je m’y employais de bon pas. Ainsi je restais debout dans ce rayonnage de vieux grimoires que j’allais devoir ouvrir, comme si leurs simples odeurs pouvaient déjà me convier au savoir qu’ils contenaient. C’était comme si l’un d’eux allaient venir de lui-même devant moi pour s’ouvrir et m’offrir son contenu magique. Moi belle rêveuse ? Peut-être, mais à qui cela avait été interdit ? Qu’on vienne m’en empêcher, car alors, il faudrait peut-être me tuer…
« Aza… Je ne t’ai pas fait venir ici pour que tu perdes ton temps debout les yeux fermer. Fait ce dont pour quoi tu es là je t’en pris… »
Cette voix… Elle me fit sourire intérieurement. Oui, il ne m’avait pas fait venir ici pour que je reste ainsi, le temps m’était compté je sais… Comme si jamais je ne pourrais être comme mes semblables, moi la fille sombre de cheveux et de prénom, moi la sorcière que tout le monde préfère ne pas approcher car étrange dans sa façon d’être et de penser… Moi la sorcière retrouvée un matin d’hiver devant la porte de l’académie avec juste mon prénom autour du cou, gravé sur un collier… Il avait été le seul à m’accepter et m’élever comme sa propre fille loin de tous peut-être, comme un secret qu’il ne fallait murmurer. Pourtant, il ne me privait pas de ce qu’il appelait mon don, mais pestiférait sur le faite qu’à bientôt vingt ans, je ne sache toujours pas bien le maitriser. Oh, je savais maitriser mes vagabondages et mes absences comme il le disait, mais cela n’était pas pour l’enchanter. Ainsi, j’ouvris les yeux, avoir de prendre un de ces grimoires consulté en secret et de m’asseoir pour m’imprégner de son savoir…
Lorsque j’ouvris les yeux, je ne pus que voir la couleur plus grisâtre que blanche de la neige autour de moi… Couleur naturelle loin d’être si pure que ce qu’on voulait bien croire. Qu’est ce que je faisais là… je ne savais pas… Où étais-je… Je le savais encore moins… Qui étais-je… le manque de réponse à cette question me glaça encore plus alors qu’une douleur me fit porter ma main à ma nuque. De la pureté de la neige vit le couleur rouge, un rouge très sombre, un rouge sang… Pourquoi ce sang sur mon cou… Pourquoi ses deux petits trous dans ma peau… Pourquoi être étendu là, dans le froid de l’hiver, vêtements arrachés… Une larme coula sur ma joue, créant une drôle de sensation en vue de la température de mon corps… et cela avant que je ne referme les yeux, fatiguée, pour sombrer à nouveau…
« Aza, je t’ai déjà dit de ne pas te bagarrer avec les autres enfants… »
Oui je sais, mais ce n’était pas de ma faute, c’est eux qui ont commencé. Ils disent que mon prénom est mauvais… Est-ce de ma faute s’il exprime la noirceur qui m’entoure et entoure un passé que je ne connais pas ? Je n’ai que dix ans, ce n’est pas facile pour moi… Ce n’est pas juste, je voulais juste marcher autour de la fontine comme n’importe qui, je ne faisais rien de mal, et voilà qu’ils m’ont jeté des pierres… Que devais-je faire ? J’ai juste voulu me défendre, mais je ne sais comment, le vent à soulever ses pierres pour les retourner contre eux, et cette femme est arrivée, me disant que je devais avoir honte d’utiliser la magie ainsi, que je ne devrais même pas avoir l’honneur de pouvoir le faire… Alors oui, je rentre en pleurs derrière ces mots méchants, oui je suis encore blessée, mais crois moi, je n’ai rien voulu de tout ça…
J’ouvris de nouveau les yeux, la neige continuait toujours de tomber… Il fallait que je bouge, il fallait que je me relève, mais ce simple exercice me parût aussi étrange que douloureux. En regardant un peu mieux alors autour de moi, je me rendis compte que la neige était loin d’avoir sa couleur naturelle comme je l’avais cru avant, mais elle était souillée de rouge… mon sang ? C’était à peine si j’avais encore conscience de ma blessure, blessure dont je n’avais aucun souvenir, comme tout le reste…
Je marchais en direction de la maison, la nuit était déjà tombée depuis longtemps. Le vent soufflait face à moi, comme m’interdisant d’aller plus loin, mais pourtant il fallait bien que je rentre. Moi ? Ne pas écouter les mauvais présages ? Je n’eus même pas le temps de me rendre compte que notre cabane était détruite qu’un coup d’abattis sur moi. Était-ce vraiment un coup, je ne savais pas, mais je ne pus que retenir cette douleur dans mon cou alors que je sombrais pour tout oublier…
Je fis un pas, puis un autre… je me mis à marcher sans même savoir où j’allais, portée par un vent qui était comme mon guide. Non, je ne savais pas où j’étais, je ne savais pas où j’allais, je ne savais pas qui j’étais, si ce n’est cette inscription que je vis sur un collier autour de mon coup… « Aza Elektra » suivit d’une date qui m’indiqua sans que je le lâche que j’allais bientôt avoir 20 ans au mois d’avril prochain… |