Pretty Little Girl...
Il y a vingt ans de cela tu naissais à Anarkia, petit bout de femme, première née du couple Maura, tes parents t’avaient choisi pour prénoms, Adelina Izabella, et rien ne te prédestiner à devenir la chasseuse que tu es devenue. Ni réellement pauvre, ni vraiment riche, c’est au sein d’un foyer modeste, mais chaleureux et aimant, que tu vis le jour. En tant que jeune fille, tu as eu une enfance des plus banales, pas de drame, pas de père violent, pas d’abandon, rien qu’une routine faite de haut et de bas, comme dans la majorité des familles.

Toi-même n’avais rien de bien particulier, brune aux yeux marrons, fine et élancée, ni trop grande ou trop petite par rapport aux autres files de ton âge. Lina, comme beaucoup de gens aimaient à te surnommer, tu étais plutôt mignonne, mais tu n’avais pas grand-chose qui te démarquait ou te faisait sortir du lot. Enfant enjouée, souriante, tu avais toute la naïveté et l’innocence de l’enfance. Un brin réservée, voir même timide, tu savais pourtant être entourée d’amies parmi lesquelles, tu n’étais ni leader, ni à la traine. Tu avais un tempérament plutôt équilibré, sachant donner ton avis quand cela s’avérait nécessaire, sans l’imposer. À vrai dire, tu étais plutôt celle qui jouait les médiateurs en cas de désaccord au sein de ton petit groupe. Tu étais aussi celle chez qui l’on venait facilement se confier, car tout le monde savait que tu étais une personne de confiance. Tes parents, qui eux également avaient une pleine confiance en leur aînée que tu étais, ont très tôt fait de te donner des responsabilités, notamment quant à la garde de ta petite sœur qui naquît quatre ans après toi. Petite fille, oui, mais déjà mature, avec un certain sens de la répartie, du pragmatisme, de l’observation et de l’attention. Et puis avouons-le, tu adorais ta cadette, tu avais été transportée de joie quand elle est venue au monde, et de ce fait, tu prenais ton rôle de grande sœur très à cœur, ne rechignant jamais à t’en occuper pour aider ta maman. Sage et obéissante, tu ne discutais que très rarement les ordres de tes parents, ne râlant pas quand venait l’heure de les aider dans les tâches ménagères.

Un brin de rébellion pourtant résonnait en toi. Tu avais un attrait certain pour tout ce qui était considéré comme des domaines plutôt masculins, et ce, depuis très petite. À l’école, tu n’avais pas que des amies, mais aussi des amis garçons, avec qui tu adorais grimper partout, jouer au football et ce que tu préférais plus que tout le reste, c’était la vitesse. C’était ce qui te procure les plus grosses montées d’adrénaline et tu en raffolais, tu en redemandais. C’est donc sans grande surprise que tu finiras même par posséder ta propre moto. Cependant, tu restais très fille, surtout au niveau de l’apparence, et il y a une activité considérée comme féminine que tu affectionnais par-dessus tout, c’était la couture, la création de vêtements. Tu étais capable de passer des heures à dessiner, créer et inventer tes propres collections. En grandissant, tu t’es spécialisée dans les corsets, robes d’antan, chapeaux à plumes et tout ce qui rappelaient de lointaines époques. Le velours, le satin, la soie et la dentelle n’avaient plus aucun secret pour toi. Si bien que tu choisis d’en faire ton métier et tu avais pour projet d’ouvrir ton propre commerce plus tard. Tu mettais tout l’argent que tu pouvais gagner par-ci, par-là, de côté, dans ce seul et unique but. Tes parents, fiers de voir leur progéniture si déterminée, passionnée par la voie que tu t’étais choisie, ton père surtout, avaient décidé que lorsque le moment serait venu, ils participeraient au financement de ce projet dans la mesure de leurs moyens, bien entendu. C’était devenu l’objectif de ta vie, et tu en étais tout excitée d’avance.

Seulement, tu n’avais pas pris en compte, mais comment l’aurais-tu pu après tout ? Que tu vivais sur Anarkia en compagnie d’êtres dit surnaturels comme les sorciers, les lycans ou encore les vampires. Ce sont justement ces derniers qui ont fait basculer radicalement ta vie. Envoler les projets, envoler l’insouciance, envoler le bonheur, envoler le bout de chou. La première étape de ce changement survint alors que tu venais tout juste de fêter tes dix-sept ans. Tu avais profité du weekend suivant ton anniversaire pour aller camper avec tes copains dans la forêt de Cinis Luna, ce sont les terres de l’est, où son regroupé les humains, car chaque race à sa partie attribuée d’Anarkia. L’adolescente que tu étais, s’était quelque peu éloignée du campement pour aller chercher du bois pour le feu, et c’est à ce moment précis qu’un vampire décida de t’attaquer. Tu n’as même pas eu le temps de remarquer ce qui t’arrivait, ni même de crier pour appeler de l’aide, le suceur de sang te maintenant si fort d’une main à la gorge, et avec ses canines plantées dans la chair de ton cou, tu étais complètement à sa merci. Heureusement pour toi arriva le moment de la délivrance, alors que tu n’y croyais plus, alors que tu voyais déjà l’heure de ta fin approcher, l’étreinte autour de toi se défit brusquement, tu tombas au sol lourdement, complètement incapable de tenter de te retenir, ni même de tenir encore debout. À demi consciente, tu aperçus les deux hommes qui venaient de te sauver la vie et n’eus juste le temps que de voir celui qui - tu l’apprendras plus tard - se fait appeler Léo, tuer la bête qui avait tenté de faire de toi son dîner, avant de sombrer dans un immense trou noir.


...Then I Grew Up
Dès lors, tu commenças à légèrement t’endurcir, tu te faisais plus méfiante, tu étais constamment sur tes gardes. Tu commenças également à t’informer plus en détail sur cette race qui jusqu’alors ne t’avait fait ni chaud, ni froid, histoire de pouvoir te défendre convenablement en cas de seconde fois. Pour tout avouer, tu ne connaissais des autres races que ce qu’on t’en avait rapporté. N’étant jamais sortie du territoire des humains, n’étant même jamais sortie de ton village, cette fois-là dans la forêt avait été ta première rencontre avec quelqu’un de… l’extérieur. Première rencontre, mauvaise rencontre. C’est donc assez naturellement qu’une rancœur, une haine, envers ces êtres se déclencha en toi, lentement, mais sûrement.

S’il n’y avait pas eu un second évènement qui suivi cette même année, tu n’aurais probablement pas changé tes plans de vie, tu aurais ouvert ton commerce, tu serais devenue sans doute une couturière réputée et appréciée, car vraiment très douée, et surtout tu ne serais pas là où tu en es aujourd’hui, mais est-ce vraiment un mal ? Car être servante au palais impérial et chasseuse, tu n’y avais franchement jamais songé jusqu’à cette maudite nuit où cette fois vraiment, tout ton univers s’écroula. Tu t’étais absentée du domicile familial pour la soirée, invitée à prendre le dîner dans la famille d’une de tes plus proches amies et ce soir-là, tu rentras particulièrement tard. Tu avais eu l’autorisation de tes parents, car c’était soir de weekend. Quand tu rentras, il était déjà près d’une heure du matin. Tout était bien calme, absolument aucune lumière ou même minuscule lueur ne provenait de l’intérieur, ce qui ne t’étonnas guère, vu l’heure tout le monde à la maison devait probablement déjà dormir. Grâce à ton sens de l’observation, tu as su distinguer qu’une fenêtre était entrouverte, ça n’était pas vraiment normal, mais il fait assez chaud en cette journée d’été et la nuit était lourde. Tu rentras chez toi, insouciante et ignorante de ce qui s’était tramé en ton absence. Pour ne pas éveiller la maisonnée, tu te dirigeas dans la pénombre jusqu’à la chambre que tu partageais avec ta petite sœur, bien trop fatiguée, tu ne remarquas pas que tu ne percevais pas le son de sa respiration, tu t’endormis simplement et rapidement au chaud dans ton lit. Ce n’est qu’à ton réveil, en voyant la forme de ta cadette toujours sous ses draps que tu t’inquiétas, la grasse matinée n’était pas vraiment de mise à la maison, à quelques exceptions, comme toi ce matin-là. Tu t’approcha, tenta de la réveiller en douceur, au moment de retirer le drap qui l’a couvrait, tu aperçus ces petites marques caractéristiques, ces mêmes marques dont tu as gardé de longues semaines les cicatrices. Il n’y avait plus aucun doute dans ton esprit… vampire, est le premier mot qui a traversé ton esprit, des larmes silencieuses s’écoulèrent le long de tes joues, tu te précipitas à la chambre de tes parents pour constater que le même sort leur avait été réservé. La vie s’en était allée de la maison Maura et toi désormais tu restais là… sans eux.

La colère s’était emparée de toi au fur et à mesure que tu prenais conscience de la réalité de ce qui t’entourait. Les poings serrés, tu étais amère et remplie de rancœur, tu te juras simplement de les venger et il n’y avait qu’un moyen pour cela, retrouver les deux hommes qui t’avaient sauvée. Tu ne les connaissais pas, tu ignorais leur identité, les masques qu’ils portaient n’aidaient en rien, mais ils semblaient plutôt calés en la matière, et tu pensais qu’ils seraient sans doute les plus aptes à t’aider. Après cet incident dramatique, tu as été hébergée chez un oncle, le temps de remettre la maison en ordre et de trouver une solution pour toi qui, avec la perte de tes proches, voyais également tout ton avenir partir en fumée. À seulement presque dix-huit ans, tu ne pouvais pas te permettre de garder et entretenir la maison, tu ne pouvais même pas reprendre le commerce de ton père qui était cordonnier, tu ne savais pas y faire, et tu étais de toute façon encore trop jeune pour monter ta propre affaire, tu n’y connaissais rien, c’est ton paternel qui devait t’aider à te lancer dans ce projet. Tu en étais donc deux fois plus déterminée à retrouver celui ou ceux qui t’avaient tout pris, quitte à en éliminer toute une flopée sur ton passage, de toute manière, il ne valait pas plus, tous autant qu’ils étaient. C’est ainsi que tu commenças à les traquer, à devenir une chasseuse, avant même de savoir vraiment comment les affronter et avant même d’apprendre qu’un groupe de chasseurs existait.

Quelques semaines t’ont finalement suffi pour retrouver la trace de l’un des hommes qui t’avait porté secours. C’est lors de l’une de tes sorties nocturnes, en quête de retrouver la trace des assassins de ta famille que tu tombas sur cet homme dont le masque ne t’était pas inconnu, et il te fixait étrangement, il avait sans doute reconnu en toi la jeune fille qu’il avait sauvée à l’aide de son compagnon, ici même dans ces mêmes bois. D’un pas décidé, tu t’avanças vers lui, il hésita à partir, mais tu ne lui en laissas pas la chance profitant de ce moment d’hésitation pour lui barrer le passage. Tu plantas tes grands yeux bruns dans ce regard caché sous son masque, et pour ton plus grand bonheur, il t’expliqua, non sans avoir lourdement insisté et racontait ce qui était arrivé à ta famille, ce qu’il faisait exactement. Il ne se contenta pas de te donner quelques conseils, non, loin de là, mieux que cela, finalement il te parla des chasseurs dont lui et son acolyte, dénommé Léo, celui qui avait tué le vampire avant que tu ne perdes conscience, faisaient partie. Tu étais là pour la même raison que lui, il pensa que tu serais une bonne nouvelle recrue. Tu passas donc plusieurs heures à l’écouter te parler de ce groupe qui tente d’éradiquer par la manière forte ces êtres abjects qui pourrissaient l’existence des humains, ceux-là, mais également les lycans. À la fin de la discussion, c’était tout réfléchi, tu voulais aussi en être. C’est comme ça et par cet homme que tu fis ton entrée parmi les chasseurs, avec le plus grand des dévouements à la cause, et que tu es dorénavant connu d’eux sous le pseudonyme de Claw. Tu y retrouvas l’homme répondant au pseudo de Léo et fut tentée à maintes reprises de le remercier de t’avoir sauvée un an plus tôt, seulement quelque chose t’en empêche. Toi, enfin toi en tant que Claw, tu ne sais pas vraiment pourquoi, tu l’apprécies, tu sais au fond de toi qu’il ne trahirait pas les chasseurs, mais tu as ce sentiment étrange qu’il n’y met pas, ou plus autant d’ardeur que ce qu’il devrait, à faire son « travail ». Alors tu cherches à passer du temps avec lui, voir à patrouiller en sa compagnie, tu voudrais pouvoir percer le mystère Léo, percer la carapace, essayer de le comprendre, ainsi peut-être arrêteras-tu d’être aussi méfiante envers lui.

Si ce point-là était réglé, celui de ton futur en tant qu’Adelina Maura, lui, ne l’était pas encore. Mais peu de temps après ton entrée au sein des chasseurs, ton oncle réussit à t’obtenir, par, tu ne sais quel miracle, un emploi de servante, et pas n’importe où, au palais impérial. Ce n’était pas vraiment le plan de carrière que tu t’étais imaginée, c’est vrai, mais tu ne pouvais décemment pas refuser un tel poste, et puis de toute façon, tu n’avais pas vraiment trop le choix, alors tu acceptas. Tu quittas le domicile de ton oncle, pour prendre quartier au palais avec les autres domestiques. Si au départ tu étais un peu au service de tout le monde, après un certain temps Sieur Samael Tudor, futur intendant, il t’offrit une sorte de « promotion », en te prenant à son service personnel. Fine observatrice et fouineuse, t’intéressant à tout ce qu’il se passe dans le palais, cela n’avait pas échappé au jeune homme, tu es donc depuis, les yeux et les oreilles de ton maître lorsqu’il n’est pas présent. Bien évidemment, il ignore totalement l’activité que tu exerces en dehors de tes heures de fonction, tout comme tu ignores que Samael et Léo ne sont qu’une seule et même personne. Si Léo te trouble, car tu n’arrives pas à le cerner, à le comprendre, Samael quant à lui te trouble d’une manière bien différente. Il est en haut de l’échelle, mais il a un petit quelque chose qui le différencie du reste de la famille impériale, il est beaucoup plus présent, il semble plus attentionné, en tout cas peu importe le quoi, ce qui est certain c’est qu’il ne te laisse indifférente. Tu n’aimes pas ça, tu te sens faible, fragile en sa présence, tu ne comprends pas son comportement si adorable à ton égard, ni les sourires qu’il te fait et ce que tu détestes par-dessus tout, c’est que tu ne peux contrôler le rougissement de tes pommettes quand cela arrive. Tu n’as jamais fréquenté personne, tu es très maladroite dans ce domaine et franchement que peux-tu espérer, toi, simple servante ? Il fait tout de même partie de la famille impériale ! Qu’est-ce que tu te sens idiote parfois ! Étrangement, ta timidité et ta maladresse, et peut-être aussi le fait qu’il soit relativement souple à ton égard, tu n’en es pas niaise pour autant, au contraire, tu réussis à garder ce sens de la répartie qui te caractérise, mais toujours dans la bonne humeur. Jamais tu ne te permettrais de manquer de respect à Samael.