UNNATURAL STORY ◭ Fixe et façonnée, telle était l’image que me renvoyait le miroir. Un homme, je n’étais qu’un homme qui depuis mon plus jeune âge avait été élevé que dans un but, celui d’acquérir la place et le prestige que j’avais aujourd’hui, mais à quel prix… Quarante cinq ans… Quarante cinq ans d’existence dans un monde de luxe et de gloire où pourtant je pus trouver justice et générosité pour un peuple souvent traité plus bas que terre par ceux qui partageaient notre existence dans ce monde. On m’avait bien élevé pour mon monde de gloire qui m’était prédestiné, et lorsque mon âge fut arrivé, on me fiança surement à la plus magnifique qui m’ait été donné, et elle fut une magnifique compagne, aimante et tendre, emplissant ma vie de joie et de soutient dans cette vie que je menais et que je mène toujours aujourd’hui… je me souviens encore le premier jour… On était promis, et pourtant j’avais mis un point d’honneur à lui faire la cour comme il se le doit. Elle était là, dans les jardins de notre empire, portant une robe aussi simple que belle qui faisait d’elle la plus belle fleur du parc. Elle me tournait alors le dos quand j’avançais en douceur sans pour autant avoir à l’esprit ne serait-ce que la simple idée de la touchée. C’était comme si elle était fragile, comme si une simple brise pouvait la faire se casser en deux, et moi, à sa simple vue, je perdis l’usage de mon cœur, étant prêt à lui donner pour toujours. Son sourire me fit chavirer, sa voix me fit vibrer… Qui aurait cru alors possible tant de bonheur dans le regard d’une femme… A la fin de cette promenade, j’eus le droit de déposer mes lèvres sur sa main si délicate, promesse de mieux la retrouver plus tard qui se transforma en promesse de la chérir et de la protéger à jamais lorsqu’on fut devant l’autel, devant notre peuple pour une union solennelle et éternelle. Cette première année de mariage fut magnifique, et je n’oublierai jamais le sourire qu’elle avait aux lèvres quand un matin, elle entra alors que j’étais en pleine réunion. Son sourire avait suffi pour me faire comprendre que j’étais le plus heureux des maris, et que j’allais être le plus heureux des pères. Quittant mon reflet, je me dirigeais vers cette fenêtre qui donner sur la cours, un point de vue de prestige pour un rang de prestige. Des sabots sur les pavés venaient de m’avertir de l’arrivée de quelqu’un. Ma fierté, ma peur et mon amour quand mon regard croisa celui de mon fils cadet, Léandre. Il avait bien grandi malgré les douleurs que nous avions vécues. Il lui ressemblait tant, me rappelant à chaque fois cette beauté fragile et douce malgré les traits bruts et durs qu’il pouvait tenir de moi. Physiquement, celui qui m’avait toujours le plus ressemblé, c’était Philippe… Je n’oublierai jamais le jour de sa naissance… Huit mois à voir le ventre de ma bien aimé s’arrondir, porteuse d’une vie magnifique avant que ses cri n’emplissent les couloirs du palais et ne me fassent tourner chèvre. Mon ami m’avait soutenu tout du long que je n’avais pas eu le droit de rentrer avec une liqueur infecte dont j’avais oublié le nom mais pas le gout. Et lorsque j’avais pu les voir, j’avais été le plus heureux des hommes, un roi pleurant devant la beauté d’un amour pur que me renvoyait la femme que j’avais épousée alors qu’elle donnait le sein au petit bonhomme qu’elle avait mise au monde… Combien de fois l’avais-je remerciée de m’avoir donné un fils si fabuleux, même si une fille m‘aurait donné autant de joie. En tout cas, ce petit prince ne manqua pas d’amour ni d’humour. Comment pourrais-je oublier le jour de ses cinq ans où il m’avait repeint de son gâteau d’anniversaire avec son cousin ? Un moment que personne n’était prêt d’oublier je crois… Et peu de temps après, j’appris la nouvelle grossesse de ma douce, la promesse d’un nouvel enfant dans un monde d’amour que je m’employais à préserver tout en assumant mon rang et mes responsabilités. Un deuxième fils… un fils qui avait bien grandi aujourd’hui pour être devenu un homme que j’espérais encore pouvoir protéger et conduire dans la bonne direction pour les épreuves qui allaient l’attendre. Cela n’était pas sa destiné, il n’aurait pas du être l’héritier, mais le sort avait dû être jaloux pour décider de nous priver de ce bonheur dans lequel on vivait… Quittant la fenêtre pour me mettre à mon bureau, je mis mon visage entre mes mains, me rappelant ce jour funeste qui au fil des secondes ne cessait d’exister en moi. C’était comme si cela était ma punition pour ne pas avoir su les protéger comme il le fallait, et je devais donc porter le fardeau de ma culpabilité et de ma douleur à jamais… Une simple balade familiale, cela devait être qu’une simple balade familiale. Léandre avait cinq ans déjà, et il était à mes cotés alors que Philippe ne cessait de faire rire sa mère alors que nous marchions sur nos terres. Et puis ? Tout avait basculé. Comment oublier leurs cris alors que les loups nous attaquaient ? Tâchant de les protéger, de venir à leur secours, j’avais pourtant d’autre choix que de garder Léandre à mes cotés, me ralentissant avant de réussir à les mettre en déroute… mais trop tard. Le peuple pleura la perte de sa reine et de son prince, moi la perte de la femme que j’aimais et d’un fils. Pourtant, je devais agir… il me restait un fils. Est-ce à ce moment que le bon souverain que j’étais disparu ? Ma douleur et mes larmes me conduire à une vendetta, ordonnant la mort des responsables dans l’espoir peut-être que cela apaise ma douleur, mais pourtant, plusieurs années après, elle était toujours là. Peuple bien aimé, Léandre… ne m’en voulez pas, mais j’ai failli à ma tâche. Henry toi mon ami, mon précieux ami, tu reste à mes cotés, tachant de me faire entendre raison, de me redonner cette foie que j’avais en moi, mais à quoi bon quand le cœur n’est plus là. Mon cœur m’avait été arraché, et je m’étais renfermé. Ainsi, Léandre est le futur empereur, mais ce n’est pas grâce à moi. Mae, mon cher neveu, merci d’être là pour lui et pour qu’il ne reproduise pas mes erreurs. Aujourd’hui, je ne suis qu’un empereur qui à fait l’erreur de mêler sa famille à son devoir, et malgré tout ce que j’avais espéré, je ne cesse de tenir cette haine contre les loups qui sont les coupables de tout ça. Les vampires dans toute cette histoire ? J’en reste méfiant, mais ils ne m’ont rien fait, alors je ferme peut-être les yeux sur un monde qui change sans moi alors que là, dans ma chambre, assis à mon bureau, je pourrais peut-être ouvrir les yeux vers un nouvel avenir…