UNNATURAL STORY ◭ Ma robe tournait autour de moi, tandis que je dansais. J’avais mal aux pieds, aux jambes, mais je dansais comme si ma vie en dépendait. La musique et moi ne faisions qu’un, elle m’entraînait, m’obligeait à l’accompagner jusqu’à son dernier souffle. J’étais sa prisonnière, son esclave. Elle avait peur sans moi, j’étais terrifiée sans elle. Qu’adviendrait-il de moi quand elle me rendrait ma liberté ? Le silence était trop incertain, mystérieux. Je me sentais bien, ainsi. J’aurais aimé que ce moment dure éternellement. Les regards se croisaient, les gens jouaient, se provoquaient derrière leurs loups d’or et d’argent. Nous étions tous enfermés dans une prison dorée de laquelle nous ne voulions pas nous échapper : fascination, transe, frisson. Voilà ce que nous aimions. « Oui, très bien Mademoiselle ! Essayez encore avec celle-ci ! » J’étais terriblement fière et mon cœur battait à une vitesse folle. Pourtant, dans un effort suprême, je me concentrai de nouveau et je réussis à faire léviter une pile de livre posée sur la table de bois. Tandis que je sautillai d’un pied à l’autre, ravie, la pile retomba lourdement dans un bruit sourd. Je plaquai ma main sur ma bouche et regardai mon professeur gênée. J’avais commencé à apprendre la magie avec lui, quelques semaines plus tôt, le jour de mes sept ans. « Vous ferez une très bonne sorcière, comme votre mère ! » Je souris avec douceur et acquiesçai. « Merci, j’espère qu’elle aurait été fière de moi. » Il ébouriffa mes cheveux, geste plutôt surprenant, et répondit : « Si elle vous regarde de là où elle est, votre mère est fière de vous, ne vous en faites pas. Et votre père aussi ! » Je lâchai un petit rire cristallin et pris congés, courant pour retrouver ma gouvernante qui devait m’attendre avec un bol de lait chaud. Elle savait que j’adorais ça et se pliait en quatre pour me faire plaisir. Elle avait momentanément prit le rôle de mère, même si elle se montrait beaucoup plus distante en présence de mon père qui se lamentait que je considère « n’importe qui » comme mon égal. J’adorais mon père, le Roi du royaume. C’était un homme bon et clément, qui m’élevait seule depuis la mort de ma mère. C’était arrivé juste après ma naissance et, même si une présence maternelle me manquait parfois, je n’étais pas malheureuse. Or mon géniteur l’était, et je ferais tout pour être une fille exemplaire pour qu’il ne regrette pas de m’avoir sauvé moi plutôt qu’elle. « Arrêtez de pleurer Mademoiselle, vous allez trouver une fille formidable, j’en suis sûre ! » J’essuyai mes yeux du revers de ma manche et hochai lamentablement la tête. Je n’avais pas l’habitude de pleurer, moi qui d’habitude était sûre de moi et réservée. Ma gouvernante s’en allait et on allait me coller une servante dans les pattes qui prendrait sa relève. La voir partir me faisait horriblement mal au cœur car elle était pour moi un membre de ma famille, aujourd’hui. C’était comme perdre une deuxième fois ma mère. Tandis qu’elle s’éloignait sur le chemin sans un regard pour moi, j’attendais que les fillettes arrivent et se présentent à moi. Il y en avait quelques-unes, des gamines hystériques qui pensaient se faire un nom en devenant la servante de la future Reine. Leur présence, leur voix, leur regard, tout était détestable. Une cependant se démarqua du reste du groupe. Quand elle s’isola, j’allai la rejoindre. « Comment tu t’appelles ? » demandai-je doucement. Elle releva ses jolis yeux bruns vers les miens et je souris. « Jade Fournier. » répondit-elle simplement, sans méchanceté. Je m’accroupis devant elle et pris sa main. « Pourquoi tu n’es pas avec les autres, à essayer d’attirer mon attention ? » En fait, c’était ainsi qu’elle avait attiré mon attention. « Je n’aime pas vraiment la compétition … » dit-elle en baissant la tête. Je l’obligeai à se relever et l’entraînai à ma suite. « C’est elle que je veux ! » m’écriai-je avec un sourire radieux, à l’adresse de mon père. C'est ainsi que Jade, qui allait devenir ma meilleure amie et une véritable confidente, entra dans ma vie. Certes elle ne remplacerait jamais ma gouvernante, mais mes journées à ses côtés risquaient d'être amusantes. Je me promenais dans les jardins en compagnie de Jade quand nous l’aperçûmes. C’était un petit garçon d’environ notre âge, avec ses cheveux blonds ébouriffés. Nous l’observâmes un moment en gloussant, faisant des hypothèses sur son identité et sa présence ici. J’avais envie de lui demander de nous rejoindre mais ma petite servante semblait s’y opposer fermement. Elle faisait ce qui lui semblait bien pour moi malgré son très jeune âge et je l’aimais profondément pour ça. Pourtant, mon rang étant plus élevé que le sien, je n’hésitais pas à aller contre ses conseils. Je fis signe au garçon et gloussai encore quand il s’approcha. Je croisai mes mains et me balançai joyeusement d’avant en arrière, avant de lui demander : « Tu es d’ici ? » Il confirma d’un signe de tête. « Je m’appelle Baptiste, fils du Duc Hogdkins ! » lança-t-il fièrement. Il baisa nos mains respectueusement, comme l'auraient fait des adultes. Nous parlâmes un moment tous les trois, Jade et moi lui fîmes visiter les jardins royaux. Quand les gardes vinrent nous trouver pour que l'on rentre, ils annoncèrent mon titre haut et fort et Baptiste resta muet de stupéfaction, avant de s'excuser d'avoir dérangé l'héritière du trône pendant sa promenade. il m'amusa énormément et je lui proposai de venir me tenir compagnie une fois par semaine, en secret. Les années passant, Baptiste devint un ami extraordinaire puis mon amant. Cette relation était bien entendue interdite et nous devions nous cacher car mon père ne tolèrerait pas une telle union sans mariage. Jade couvrait mes sorties, faisait le gué pendant que je passais quelques minutes en compagnie de celui que je considérais comme l’amour de ma vie. Mon père finit par lancer un tournoi auquel pouvaient participer tous les chevaliers du Royaume. Ainsi le meilleur d'entre eux aurait ma main. Fort heureusement, Baptiste prit part au tournoi et je ne doutais pas un seul instant de ses capacités, lui que j'avais vu s'entraîner à de maintes reprises. Ma seule peur, c’était qu’il perde face aux autres. Comment les éliminer et lui laisser le champ libre ? J'étais prête à tout pour l'épouser et pouvoir vivre mon amour avec lui au grand jour. Cela ne ferait aucun doute que Baptiste serait un bon Roi, j'avais une confiance aveugle en lui qui avait grandi à mes côtés dans le plus grand des secrets. je ne supporterais pas qu'un autre que lui me touche, ni qu'une autre le touche lui. Quand j’eus onze ans, mon père m’apprit que mon oncle était mort. A part mon père, c’était le dernier membre de ma famille qu’il me restait. Nous nous rendîmes à l’enterrement et je serrai la main de son fils dans la mienne pour le rassurer. Il n’était pas seul, nous nous occuperions de lui. Maël avait à peine cinq and, il n’avait pas à souffrir ainsi, c’était intolérable. Il pleuvait ce jour-là, je m’en souviens comme si c’était hier. Nos larmes se mélangeaient aux gouttes qui s’écrasaient sur notre visage. Mais personne ne bougeait, ne se plaignait. Il régnait un silence de mort, seule la voix du prête venait troubler la quiétude de ce fade après-midi. Maël vint habiter avec nous et mon père devint son tuteur légal. Quant à moi, j’en avais assez de voir tous ceux que j’aimais partir. Peu à peu, le monde entier s’effondrait autour de moi. La tristesse m’envahit et je sombrai dans un état presque dépressif, refusant de sortir de mon lit. Mon père eut très peu et douta que je sois capable de prendre sa place sur le trône au moment opportun. Pourtant quand je décidai finalement de sortir et de reprendre ma vie là où je l’avais laissée, je ne changeai pas pour un sous. Je faisais passer le bien d’autrui avant le mien et ses doutes s’envolèrent. Même si la douleur disparut au fil du temps, cela laissa une profonde blessure dans mon cœur. Si ceux que j’aimais partaient les uns après les autres, comment ferais-je pour vivre ? Je développai à ce moment-là un très fort sentiment de possessivité envers mon entourage et notamment mon père, Maël, Jade et Baptiste qui étaient devenus le centre de ma vie. « Pourquoi est-ce que les nuages vont dans un sens et nous dans l’autre ? » demandai-je un jour à mon professeur de magie. « Les hommes sont comme les nuages. Ils sont chassés en avant par un vent mystérieux et invisible face auquel ils sont impuissants. Ils croient maîtriser leur route et se moquent de la faiblesse des nuages, mais leur vent à eux est mille fois plus fort que celui qui souffle là-haut. » « Tabatha ! Votre père vous demande, réveillez-vous ! » La voix de Jade résonna dans ma tête et je grognai, avant de m’enfoncer davantage entre mes draps de soie. Je n’avais aucune envie de sortir de mon lit à une heure aussi matinale. Pourtant, devant son insistance, je finis par abdiquer. Je m’habillai rapidement et le rejoignis dans la salle du conseil où étaient attablés les conseillers, meilleurs chevaliers et autres personnalités importantes du Royaume. Devant leur air grave, je compris que quelque chose d’important allait se passer et mon cœur battait la chamade. Une guerre se préparait-elle ? Les jambes tremblantes, je me laissai tomber sur une chaise et attendis qu’on m’explique la situation. Mais visiblement, les autres ne semblaient pas plus savoir que moi ce qu’ils faisaient ici. « Bien, commença mon père, si je vous ai convoqué aussi tôt ce matin et je m’en excuse, c’est parce que je dois vous faire part d’une grande décision que j’ai prise au cours de la nuit. » Un silence lourd de sens s’abattit sur la pièce. Les regards se tournèrent vers moi et je frémis. Il sourit avec tendresse et attira l’attention sur lui, ayant compris mon trouble. « En effet vous devez vous en douter, je lègue mon rang à ma fille unique Tabatha. Tabatha, continua-t-il en me regardant dans les yeux, tu feras une très bonne Reine je n’en doute pas. Je serai près de toi pour t’aider chaque jour. Mais tu as prouvé maintes fois déjà que tu étais capable de prendre des décisions justes pour le peuple et il n’y a aucune raison que tu n’en sois plus capable aujourd’hui. J’annoncerai officiellement mon abdication au Royaume, dans la journée. Est-ce que quelqu’un ici s’y oppose ? » Je reçus un regard hostile de la part d’un homme qui voyait d’un mauvais œil une femme de mon âge monter sur le Trône, mais personne ne contredit l’avis de mon géniteur. Je n’en croyais pas mes oreilles. Je sortis en titubant de la pièce et m’appuyai sur Jade. « Je suis Reine. » déclarai-je.

Quel accueil !
Merci beaucoup à vous deux, je n'hésiterai pas si il y a un problème, c'est compris ! Je vais faire au plus vite. :3

Bienvenue parmi nous, ma jolie! Je suis plus qu'heureuse que tu aies choisi ce rôle!!! *-*
Il est tout simplement sublime! ... Et ça manquait un peu de royauté dans le coin
Au plaisir de te retrouver parmi les rangs d'Anarkia <3

*bave en attendant la suite de son histoire! ^^*

Merci à vous deux les filles, c'est gentil ! Héhé Satine, je serai une Reine exemplaire
Baptisteeeeeeee !
Je pense avoir fini ... Ca me semble hyper court, alors que ça ne l'est pas tant que ça ... J'espère que ça ira !

En effet, désolée pour cet oubli. Je l'avais trouvé en plus, mais j'ai oublié de le rajouter xD

Le problème étant que, si elle a son mot à dire, je ne vois même pas d'utilité à ce que son père cherche le meilleur parti pour elle, elle pourrait choisir directement Baptiste tu vois. Par contre si ce n'est un tournoi, qu'est-ce que ça peut être d'autre ? Par tournoi je n'entends pas seulement ce qu'on voit dans les films ou les livres, mais bien de nombreuses épreuves à passer sur des plans différents qui éliminent peu à peu les candidats. Enfin ... Que verrais-tu à la place alors ?

Quand à la passation, le Roi précise qu'il le fera devant le Royaume entier dans la journée. Là c'est seulement une annonce faite à ses proches et ses conseillers. Mais si ça pose vraiment problème je change !

Miaow! Je compte sur toi pour nous éblouir dans toute ta splendeur, ma belle!

Pour moi, c'est un gros : validons-la tout de suite!!!! <3

Merci infiniment à vous, pour vos compliments et la validation.