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 THÉA ♆ hear me roar.

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Théa P. Earnshaw
+ she is the wolf.
Théa P. Earnshaw


♆ papiers d'identité.
♆ race : humaine.
♆ âge : en cours.
♆ métier : agente du SCI.
♆ crédits : bombshell.
♆ messages : 15

+ she is the wolf.


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MessageSujet: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMar 16 Juil - 22:52


théa earnshaw
if we burn, you burn with us.




papiers d'identité

PRÉNOM(S) : Théa Antiope Phaedra Aspen, (de sa vraie identité perdue, Reaghán "Scáth"). NOM : Earnshaw (autrefois Bräeckburn). ÂGE : vingt-trois ans. LIEU DE NAISSANCE : une maison dans la forêt de Cinis Luna. statut civil : célibataire, il est parti depuis quelques temps déjà. orientation sexuelle : hétérosexuelle. métier : agente des services secrets impériaux, services de la "chouette impériale". En couverture, c'est une jeune professeur qui paye ses études en donnant des cours et conférences de langues anciennes et de sciences occultes dans divers établissements de Cinis Luna. race : tout ce qu'il y a de plus humaine. lieu de résidence : un grand appartement à Spes, mais, étant toujours à courir à droite à gauche, à voyager pour les besoins de son travail, elle n'y est pas toujours. AVATAR : Lyndsy Fonseca.



once upon a time

♆ things you need to know 'bout me elle adore la musique en général, qu'il s'agisse d'un bon vieux jazz, ou des électros de l'atlantide + elle a l'habitude de jouer des rôles pour son boulot, de mettre des perruques, de ressembler à quelqu'un d'autre qu'elle + elle conduit souvent trop vite, elle a déjà eu plusieurs contraventions à ce sujet + a la même routine tous les matins ; se lever, aller courir, rentrer et boire un café avec son journal, puis aller prendre une douche + d'ailleurs, elle se lève en même temps que le soleil + elle n'a jamais sommeil, elle a même du mal à dormir, à cause d'incessants cauchemars + elle préfère sortir la nuit, pour se changer les idées + elle vit toujours à la villa, et ça fait deux ans qu'Ethan y vit avec elle + ils forment une couverture tous les deux, celui de deux futurs fiancés posés + contrairement à son frère, Ethan n'est pas chez les flics pour sa couverture, lui se fait passer pour un professeur de sport à l'université + théa adore tout ce qui prête à faire la fête, des soirées dans les clubs, aux nuits dans les fêtes foraines + elle tient plutôt bien l'alcool, mais elle n'en abuse jamais + elle est spécialisée, comme beaucoup d'agents, dans la filière anti-terroriste, c'est comique, pas vrai? + les rares personnes qui l'ont entendue chanter disent qu'elle a une belle voix, elle n'en sait rien, et en réalité, cela l'importe peu + en revanche, elle est consciente d'avoir des talents d'oratrice, et elle les utilise régulièrement + avant de se lancer dans une mission, elle a toujours un plan A, B et C + en tant qu'agent du SCI, elle a été formée dans de nombreux domaines, et elle laisse parfois les gens perplexes lorsqu'elle arrive à résoudre un problème en quelques minutes + toutes les semaines, elle a un nouveau livre sur sa table de chevet, cela peut aller du roman, à un pavé documentaire + elle aime bien le monde de la nuit + elle n'arrive pas à rester assise sans bouger, étant assez nerveuse de nature.



caractère rusée + minutieuse + appliquée + réfléchie + parfois impulsive + colérique + cynique + intelligente + joueuse + souriante + sympathique + méfiante + accorde peu sa confiance + manipulatrice quand il le faut + très active + loyale + mystérieuse + complexe + ne manque pas de répondant + franche + douée + manque certainement d'émotions + profondément blessée + rancunière.




derrière l'écran

pseudo, prénom surprise motha*****. Âge une décennie. d'où tu connais le forum : spock. un ptit mot dessus : i am AWESOME. le code du règlement : please. autre chose à rajouter : you only live once. crédits divers : tumblr + mellowbird.



Dernière édition par Théa P. Earnshaw le Jeu 18 Juil - 11:10, édité 5 fois
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Théa P. Earnshaw
+ she is the wolf.
Théa P. Earnshaw


♆ papiers d'identité.
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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMar 16 Juil - 22:52



 
 
you win or you die, there's no middle ground.


Son regard froid était fixé sur l'homme qui, étendu par terre dans la neige, suffoquait. « Scáth. » Murmura-t-il simplement. L'interpellée ne disait rien, elle. Elle préférait le regarder, s'abreuver de chacun de ses mots comme s'il fut le dernier. Car la fin approchait pour le vieux guerrier qui gisait, au milieu de ce champ. « Aodhan. » Souffla-t-elle finalement, dans ce vieux dialecte picte qu'était le leur. « Tu dois veiller sur eux Scáth. Ils sont ta seule famille désormais. Tu pourras les conduire, ils ont confiance en toi... » Sa voix s'éteignait peu à peu, se faisant plus faible à chaque mot. La concernée gardait ses grands yeux bleus rivés sur lui, scrutant la moindre de ses réactions. « Ils te vengeront Aodhan. » Il secoua un peu la tête, suffisamment pour qu'elle s'en rende compte, pas assez pour qu'il en souffre. « Ne les mène pas à leur mort, Scáth... Ils seront tout pour toi, tu devras être là pour eux, et ils te le rendront... » Une larme dévala sa joue, traçant une ligne de charbon sur cette peau si pâle. Elle hocha brièvement la tête, et le vieil homme ne tarda plus avant de rendre son dernier souffle, abandonnant à sa fille des milliers de responsabilités. Ravalant toute sa colère et ses sanglots, elle se releva, la tête haute, le regard dans le vague. Perdu quelque part, au milieu de toute cette neige qui, elle le savait, serait au plus vite tachée du sang de ses victimes. Deux guerriers arrivèrent rapidement, emportant avec eux le cadavre. Elle resta là, un instant, à regarder le ciel, complètement inexpressive alors qu'à l'intérieur, c'était le cataclysme.

✝✝✝

Elle regardait danser les flammes, sur ce bûcher funeste. Elles se régalaient des branches, du corps du défunt ; s'envolaient en fumée vers le ciel, telle une offrande aux dieux. Ces deux perles glacées qu'étaient les siennes ne lâchaient pas le petit incendie qui grandissait, sous ses yeux. Tous étaient là, derrière, à ses côtés. Silencieux pour la plupart, alors que les femmes chantaient en choeur leurs cantiques macabres. La tribu entière perdait un père ; un guerrier, un homme de confiance et de foi. Sans prévenir, Scáth se détourna brusquement, laissant sa cape de fourrure claquer dans le vide. Quelques personnes s'écartèrent sur son passage et elle fila, toujours aussi silencieuse, jusqu'à sa tente. À l'intérieur, elle posa ses mains sur la table de bois, tapant nerveusement du bout de ses longs doigts. Quelqu'un ne tarda pas à entrer par derrière, et elle se retourna, toujours aussi vive. « Scáth... » Elle releva le menton, le jaugeant avec ce mépris involontaire, au fond des prunelles. Certainement était-ce la rage qui la rendait aussi folle. « Je sais déjà ce que tu vas dire, Ághas. » Il fronçait les sourcils et demeurait là, planté devant elle. Il savait à quel point elle était têtue. À quel point les choses risquaient d'aller loin, avec elle. « C'est de la pure folie ! » Elle ne cillait pas, gardant l'oeil fixe sur le guerrier qui lui faisait face. « La seule folie, c'est d'être venu jusque ici, et d'abattre mon père au milieu d'un champ, seul. Ça, c'était de la pure folie. » Sa voix était terriblement froide, et pourtant, son intonation se voulait forte et hargneuse. « Ce n'était que de la provocation Scáth ! » Elle eut un rire fou, sûrement nerveux. « Ouvre les yeux Ághas, c'était une déclaration de guerre ! » Il secouait la tête, montrant sans retenue son désaccord. « Tu vas précipiter ta famille à la mort. Ton père comptait sur toi pour les surveiller, pour les aider, les défendre. Pas pour les détruire. » Le rythme cardiaque de la brune se faisait saccadé. Elle connaissait bien les dernières volontés de son père, elle les avait entendues ce matin même. L'arrivée de la nuit ne les avait pas effacées de son esprit. « Et que fais-tu de l'honneur, Ághas ? Jamais Aodhan ne se serait laissé faire face aux romains. Jamais il n'aurait laissé un seul de ces chiens fouler nos terres, sans conséquences. Son peuple se battrait pour sa mémoire, jusqu'à la dernière goutte de sang. » Encore une fois, l'homme secouait la tête, abordant une moue triste qui faisait danser sa balafre sur ses joues. « Pense à ton peuple. Pense à ta fille. » La chef serrait les poings ainsi que les mâchoires. Comment osait-il. « Comment peux-tu oser Ághas ! Aodhan te considérait comme son fils... Je pense à eux, je pense à elle. Je pense au déshonneur et à la honte que les fils de Rome ont jeté sur notre lignée. Que lui dirai-je plus tard ? Ils ont enlevé ton grand-père, ton père, et je suis restée là, muette, face à cette armée de chiens enragés. Non Ághas ! Je refuse de tâcher le nom des Bräeckburn, ils m'ont trop pris déjà. » Sa voix tremblait sous le coup de la colère, elle n'en démordait pas. Elle voulait la tête des meurtriers au bout d'un pic, elle voulait les pendre haut et court, pour l'exemple. Elle voulait leur montrer, à ces pauvres fous, qu'on ne s'en prenait pas aux guerriers pictes. Et encore moins à la famille Bräeckburn. Considérant le silence de l'homme comme une petite victoire, la guerrière reprit alors, plus doucement cette fois-ci. « Tu n'es pas obligé de me suivre, Ághas. Je ne t'en tiendrai pas rigueur, crois-moi. Seuls ceux qui le voudront se battront avec moi. Je leur laisserai le choix, comme lui l'aurait fait. » L'interpellé eut un regard triste pour celle qu'il avait toujours considéré comme sa soeur. Celle qu'il savait assez forte pour mener des troupes, remporter les batailles. Mais il doutait grandement qu'elle puisse remporter la guerre. « Tu sautes dans le vide, Scáth. » Elle s'approcha encore de lui, un peu plus détendue. Plantant ses yeux dans les siens, elle murmura alors. « Mais une famille Ághas, une famille, ça vaut tous les sacrifices du monde. »

✝✝✝

Les cendres du défunt, mêlées au pigment bleu et à une pâte un peu collante, elle mélangeait le tout du bout de ses doigts. Cette préparation, aussi barbare était-elle, elle s'en servait pour dessiner quelques motifs hasardeux sur son visage de porcelaine. Et tous ceux qui l'accompagnaient dans cette quête de vengeance faisaient de même. Cela signifiait que le guerrier se battrait jusqu'à la victoire, ou à la mort, pour la personne dont les cendres avaient été utilisées. C'était un rituel un peu particulier, mais aussi un pacte fait entre les hommes et les femmes qui s'étaient joints à elle. Un pacte qu'aucun d'entre eux n'irait trahir, jamais. Un pacte au nom du sang. Attrapant leurs armes, lances et lames, chacun se retrouvait en vitesse sur sa monture. Les portes du village s'ouvrirent, et c'est au triple galop que six des guerriers les plus redoutables s'enfuyaient vers leur destin.

Peu importe où étaient leurs cibles, à quelle vitesse, ou combien de temps elles pouvaient courir, jamais la Terre ne serait assez grande pour les cacher de cette troupe d'assassins qui, la rage aux tripes, était bien décidé à les tuer, un à un. Une longue semaine, c'est le temps qu'il leur fallu, avant de trouver le camp romain le plus proche. Une quarantaine d'hommes, soldats menés par un supérieur. Ils auraient pu être dix fois plus, Scáth n'aurait jamais reculé. Parce que, son combat, c'était jusqu'à la mort. Le soir même, Bräeckburn et les autres guerriers lancèrent l'assaut, au milieu de la nuit, alors que la moitié du camp somnolait. À coup de haches, de flèches et de tout cet arsenal dangereux qu'était celui des pictes, ils tuèrent la moitié des hommes. Scáth elle, en planta plus de sept avec sa lance, brisant la nuque de deux autres alors qu'elle avait été virée de son cheval gris. Quelques longues minutes après l'assaut, alors que les pertes étaient à déplorer dans les deux camps, la guerrière picte se retrouva seule, encerclée. Plusieurs fois, elle pivota sur elle-même, fléchie sur ses genoux, à menacer le moindre romain qui s'approcherait trop d'elle. Elle était prête à les transpercer, tous. Et pourtant, l'étau se resserrait ; bientôt, un de ces hommes l'assommait et son corps retombait dans la poussière, lourd et inerte.

✝✝✝

Elle se tenait toujours droite, malgré la fatigue. Deux semaines qu'elle était attachée à cet arbre, enchaînée comme une prisonnière. C'est ce qu'elle était, aux yeux des militaires romains. Ils la gardaient en vie, essayaient tant bien que mal de lui faire cracher des informations ; elle ne disait rien. Elle demeurait muette, à les jauger de ses yeux de glace. Jusqu'à la mort. C'était le pacte, elle ne pouvait pas le briser, et ne comptait certainement pas le faire. Pour la famille. Pour l'honneur. Voilà que son quatorzième jour de détention s'achevait. Il était minuit passé, les deux gardes qui la surveillaient commencer à s'endormir. Elle les fixait sans relâche, essayant de trouver un moyen pour attraper leur glaive. Mais la situation était désespérée ; elle était bloquée par des chaînes. Trois heures plus tard, tous les feux étaient éteints. Seuls quelques gardes faisaient leur ronde, sans vraiment faire attention à ce qui les entourait. Ils ne la surveillaient même plus, de toute façon, qu'avaient-ils à craindre d'elle, entravée et piégée. Condamnée à demeurer leur prisonnière. Elle devait se rendre à l'évidence ; elle avait échoué. Elle ne les avait pas tous tués. Pas assez pour se proclamer victorieuse à son retour au village. Village qu'elle ne reverrait certainement jamais. « La louve est toujours éveillée à ce que je vois. » Un des soldats se tenait là, devant elle, à la dévisager comme un objet quelconque, comme sa chose. Elle ne cilla pas, il lui attrapa fermement le visage de sa main ; elle lui cracha au visage. L'homme envoya sa main frapper la joue de Scáth, laquelle tourna la tête sous la violence du coup. Tentant le tout pour le tout, elle envoya son genou dans le ventre de l'autre. « Espèce de chien. » Il ne comprenait pas ce qu'elle disait, normal ; ils ne parlaient pas la même langue. Mais l'intonation faisait tout, et hors de lui, il la rouait de coups. C'était peut-être ça au final, la solution. Mourir au plus vite, mais mourir en héros. Gémissant de douleur alors que l'autre frappait toujours plus fort, elle finit simplement par se laisser fondre contre l'arbre, retombant maladroitement à terre, tiraillée par ses chaînes.

Et tout à coup, ce même homme s'affala devant elle, mort. Secouée et peu sûre de comprendre ce qui se jouait devant elle, elle releva le regard. Il était là. Un garçon, il avait l'air si jeune. Un gamin de dix ans de moins qu'elle, facilement. Enfin, d'apparence. Il avait d'étranges tatouages, ceux d'une autre tribu, loin d'être semblables à ceux de Scáth. Il avait ce petit quelque chose d'étrange, dans le regard, une lueur de folie, quelque chose qui était à la fois terrifiant et intriguant. Ses lèvres dégoulinaient encore de sang et il souriait. Tout aussi étonnant - bien que secondaire - il se retrouvait torse nu, alors que les populations de ces terres, en cette période plus particulièrement, se plaignaient du froid. « Qui es-tu ? » Murmura-t-elle. Il ne répondit rien, préférant glisser ses doigts glacer sur le visage de la femme. Il la détaillait avec précision, comme s'il identifiait chacun de ses traits pour les conserver dans sa mémoire. « Ainsi donc tu es la fille loup. » C'était le surnom qu'ils lui donnaient tous ; la fille loup. À cause des nombreuses fourrures grises qui protégeaient son corps du froid, à cause de cet instinct de chasse presque sur-développé. Elle était une traqueuse hors pair, même si à ce jour, elle n'était plus grand-chose. « Qu'est-ce que tu me veux ? » Elle était presque agressive, constamment sur cette attitude défensive qui la rendait hargneuse. « La question étant plutôt, qu'est-ce que tu veux toi. » Il avait un drôle d'accent, soulignant encore une fois qu'il n'était pas d'ici. Accent qu'elle ne connaissait pas, et elle n'allait pas s'attarder dessus, de toute façon. Elle le regarda longuement, droit dans ses yeux sombres, avant de reprendre doucement. « La liberté. C'est tout ce que je veux. » Sa voix se faisait faible ; elle avait tellement mal aux côtes. Chaque geste lui était douloureux, et elle refusait de comprendre ce qui se passait réellement : plusieurs de ses os étaient brisés et un poumon était perforé par plusieurs fois. Aucune chance qu'elle ne s'en sorte, non. Facilement, l'inconnu brisa les chaînes. Elle ne bougea pas pour autant, incapable d'esquisser le moindre geste. « Alors tu es libre. » Souffla-t-il. Elle essaya alors de se relever, en vain. Une grimace de douleur déformait son visage, et elle se mordait la langue à sang. « Je ne peux plus... Marcher... » L'étranger eut un petit sourire, à la fois triste et compréhensif. Il le savait bien, il avait tout vu. « Je ne pourrais pas le faire pour toi, louve. » Plissant les yeux, elle tenta encore une fois. Peine perdue, en retombant, elle ne fit qu'aggraver son cas, ayant plus de difficulté encore à respirer. « Alors qu'attends-tu pour me tuer, petit... Tu as tué ces hommes, qu'est-ce que tu me veux ? » La flamme s'éteignait peu à peu au fond des yeux bleus transparents de la femme. Il prit un air un peu plus sérieux, et finit par s'asseoir, juste face à elle. « Je vous ai vus vous battre, toi et tes frères et soeurs. » Un petit sourire un peu nostalgique étira les lèvres de la guerrière. Sourire douloureux, alors qu'elle se rappelait un peu plus encore qu'ils étaient morts en vain. « Neuf soldats. Impressionnant. » Elle le regardait à nouveau, sans rien dire. À quoi bon, de toute façon. « Je l'ai fait pour eux tous. » Il haussa un peu les sourcils, toujours aussi plongé dans la contemplation de ses traits. « Six contre quarante. Tu savais que tu allais mourir. C'était de la folie. » Les yeux de la brune se mirent à briller, repensant à tout ce qu'elle pouvait abandonner en décidant de rejoindre les dieux. « Honneur et courage. » Telle était la devise des Bräeckburn. Un long silence s'installa entre les deux personnages qui se dévisageaient respectueusement. Son rythme cardiaque se faisait de plus en plus lent, et le garçon ne cillait pas. « Et si tu avais une deuxième chance, guerrière ? » Son regard s'assombrit encore un peu, elle serrait les mâchoires et regardait le petit homme avec rage. « Si j'avais une seconde chance, je reprendrais ma lance, et je finirais ce que j'ai commencé. Après seulement, j'aurais le droit de retourner au village, pour veiller sur les miens. » Dit-elle fermement. « La victoire ou la mort. » Souriant un peu plus, il se pencha sur elle murmurant à son oreille. « Alors, marche vers ta victoire, mon enfant. »
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Théa P. Earnshaw
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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMer 17 Juil - 18:29



 
what are you prepared to sacrifice? .


Un soupir. Tu tiens entre deux doigts la lame d'acier. Elle est glacée, et aussi tranchante d'un rasoir. Tellement fine, tellement légère. Le couteau de lancer idéal, d'après toi. Tu plisses un peu les yeux, pas trop pour voir l'horizon, suffisamment pour avoir cette sensation de précision dans le regard. Au loin se profile une silhouette sombre, elle se détache de toute cette neige trop blanche, trop pâle. La tâche brune se fait imposante alors qu'elle relève la tête, dévoilant à tous cette magnifique paire de bois majestueux. Ce n'est pas vraiment ce qui t'intéresse, non. Prenant une grande inspiration silencieuse, tu fais encore un pas en avant, sans que l'animal ne te repère. C'est bien. Tu es suffisamment proche maintenant. Alors sans plus attendre, avec cette force que peu te connaissent, tu envois la lame. Elle siffle dans l'air, le fend en deux avant de venir se loger derrière l'épaule du cerf. C'est précis, et c'est ce qu'il fallait ; la cible est atteinte et le cervidé s'effondre péniblement dans la neige. Le coup était puissant, bien porté, bien localisé. Le résultat est là ; le gibier est à terre, soufflant ses derniers instants de vie en une fumée blanchâtre qui s'échappe de ses narines. Son souffle est fort ; lui aussi l'était. À ce moment, il n'est plus rien qu'un animal blessé, incapable de s'enfuir. Se mourant sur cette neige trop froide, dernier lieu d'un repos qui s'avérera éternel.

Reprenant ta course, rapide, tu rejoins l'animal en courant. Tu esquives sans difficulté les différents obstacles qui se dressent sur ton chemin ; branchages, rochers, trous dissimulés par la neige épaisse. Plaques de glace, et t'en passe. Tu fais attention à tout, puisque après tout, ici, tout est question de survie. Arrivée près du cerf, tu te laisses tomber à genou, récupérant le couteau de lancer avant d'enfoncer brièvement ton poignard de chasse dans son coeur. L'effet escompté est là, immédiat ; un dernier spasme douloureux secoue la proie et bientôt, tous ses muscles se détendent. « Ton sacrifice n'est pas vain, pardonne-moi, repose en paix auprès des tiens. » Un murmure qui s'échappe d'entre tes lèvres, brisant le silence de la forêt. Sans plus attendre, tu ouvres la gorge de l'animal, faisant couler d'une artère principale une bonne quantité de sang dans une misérable tasse de métal. Tasse que tu portes rapidement à tes lèvres, ignorant le goût. Pourquoi faire ça ? Pour te réchauffer. Tu es plus que gelée, loin du campement improvisé. Cela fait partie des leçons, de toute façon ; fait abstraction du goût pour mieux survivre. C'est ainsi que tu termines la tasse, même si la saveur n'est pas particulièrement agréable. Toujours aussi rapide, tu dépèces l'animal de ton poignard, récupérant toute la viande qui te servira. Puis, tu te relèves, quittant les lieux du crime pour abandonner les restes aux loups et aux charognards. Tu as bien assez pour toi. Inutile de te surcharger, si c'est pour laisser le trop plein pourrir.

Tu reviens donc au campement, retrouvant sans problème ton chemin ; même si la neige a recouvert tes traces de pas, l'écorce des arbres elle, n'a pas cicatrisé. C'est quelques dizaines de mètres plus loin que tu retrouves la tente de tissu, et les restes d'un feu. Les cendres sont encore tièdes. Récupérant tes lames, tu relances sans problème le feu, avec quelques brindilles et un peu de paille sèche. Rapidement, les flammes dansent à nouveau dans leur foyer. La nuit tombe déjà. Tu regardes le ciel, frottant tes mains. Et piquant un bout de viande sur une branche suffisamment pointue, tu fais cuire ton repas du soir. Un bruit de fait pourtant entendre dans les fourrées, et tu relèves rapidement la tête. Qu'est-ce que cela peut bien être ? Tout et n'importe quoi. Ici, on doit s'attendre à toute la faune locale. C'est dangereux, très dangereux. Surtout pour ce que certains considèrent comme une fillette de treize ans. Interpellée, tu siffles. Une fois. Deux fois. « Lyall. » Trois fois. Et c'est alors qu'un grand loup gris bondit hors des buissons, furtif. Tu recules d'abord un peu, assise. Mais tu te ravises bien vite en reconnaissant le loup. Lyall. Le loup protecteur. Un maigre sourire se dessine sur tes lèvres, il est ta seule consolation pour ce soir, tu le sais bien. Pourtant, il s'approche de toi, venant se coucher à tes côtés, non loin du feu. Tu lui jettes quelques morceaux de chair qu'il dévore. Tu l'as apprivoisé, ce loup. Depuis des années. Depuis que tu as... Huit ans, en fait. Tu passes tes doigts gelés dans son pelage, sa peau est tiède, c'est agréable. « Je rentre demain matin Lyall, tu vas me manquer tu sais... » Il est ton ami, le seul, ici, au milieu de nulle part. Ce n'est pas comme s'il pouvait venir jusqu'à la maison avec toi, non. Il n'a pas le droit. Et quand bien même, il n'en aurait certainement pas envie. Entre une résidence citadine, et ces bois, immenses et mystérieux, le choix est vite fait pour un loup, non ? Tu lui souris tristement.

+++

Tu sors de la tente. Le feu est éteint, la nuit est partie depuis quelques longues minutes déjà. Tu bâilles un peu, t'étirant douloureusement. Une semaine que tu es ici, seule, au milieu des bois. Une semaine que tu es coupée de toute civilisation. Il t'avait bien laissé le talkie-walkie en cas de problème, mais non, tu ne t'en es même pas servie. Tu n'es pas faible, toi. Tu n'as pas besoin de ça. Reniflant, enrhumée, tu remballes tes affaires ; décrochant tout ce que tu as pu construire, rendant à la nature ce qui lui revient de droit ; les branches et feuillages. Elle en prendra soin. Plus que toi du moins. Étonnement, Lyall est encore là, allongé. Il est rare qu'il t'attende, mais il doit se douter de quelque chose. Il doit savoir qu'il est temps pour toi de partir d'ici, de rejoindre la ville. L'épreuve est finie. Quelle épreuve ? Ce petit raid de survie que ton père te pousse à faire, au moins une fois dans l'année. Histoire d'être toujours meilleure, de garder le niveau, d'être prête, comme il le dit si bien. Tout est emballé, tu repars avec ton sac sur les épaules, et le loup gris se met en route avec toi, avançant à ton rythme, te devançant un peu parfois pour mieux revenir vers toi. Et au bout d'une bonne heure et demie de marche, tu arrives enfin vers la civilisation. Lyall t'a déjà quitté depuis un bout de temps, puisque ce n'est plus son territoire, loin de là. Alors tu continues ta route seule, jusqu'à revenir à la demeure. Ton père vous attend sur le pas de la porte, toi et ton visage creusé par la fatigue et la faim. Tu es en meilleur état que la dernière fois en tous cas. Silencieusement, tu passes juste à côté de lui pour rentrer dans la maison, déposant tes affaires pour aller prendre un bain chaud. La conversation attendra, tu dois te réchauffer avant !

Et c'est après un bon bain et chaudement vêtue que tu redescends jusqu'au salon, faisant un bond à la cuisine pour attraper de quoi manger ; céréales et fruits feront l'affaire, même si ton appétit est grand. Assise près de la table basse à dévorer tout ce qui te tombe sous la main, absorbée par la télévision, tu n'entends pas ton père arriver et s'asseoir sur un fauteuil adjacent. « Comment ça s'est passé ? » Tu hausses les épaules, peu loquace au début. « Aucun problème en particulier ? » Tu secoues brièvement la tête. Non, aucun, à part peut-être une petite morsure qui devrait vite cicatriser. « Non, rien. À part le froid peut-être. » Il hoche la tête, s'enfonçant un peu plus dans son fauteuil. « Maddy est à l'étage, tu lui demanderas de soigner tes mains. » Tu souris un peu, tournant la tête vers lui pour le regarder. « Première fois que tu le faisais seule, tu peux être fière de toi Reaghán. » Tu hausses les épaules, toujours aussi modeste. C'était dur, mais au final, tu as réussi. Pas besoin d'épiloguer là-dessus. Le silence s'installe entre vous deux, tu n'oses pas tellement poser cette question qui te brûle les lèvres... Et pourtant, tu finis par te lancer. « Papa, qu'est-ce que tu entends par être 'prête' ? Je veux dire, ces raids, tes leçons, au final, ça sert à quoi tout ça hein ? » Il a un petit sourire doux pour border ses lèvres. Tu ne le lâches pas du regard. « Parce que Reaghán. Tu n'es pas comme les autres. » Tu hausses les sourcils, à la fois confuse et déçue de cette réponse si évasive. « Tu dois apprendre à vivre de toi-même, ne rien devoir à personne, c'est ça, le vrai secret. Ainsi, tu auras toujours une longueur d'avance sur les autres, le jour où moi et ta mère ne seront plus là pour toi. » Tu secoues la tête. Peut-être, mais ce n'est pas près d'arriver. Ce n'est pas comme si une quelconque menace pesait sur ta famille. Famine, misère, maladie ? Certainement pas. Pas avec ta famille. Ils seront toujours là pour toi, tu le sais. Même si ce n'est pas toujours facile, tu n'as pas à te plaindre de ton confort. Ta mère est une journaliste réputée de Cinis Luna, quand à ton père, il se satisfait de son travail de mécanicien. Finalement, tu fonces dans ses bras, t'y blottissant le plus confortablement possible. Il murmure. « C'est dans ton sang, Reaghán Scáth Bräeckburn. Et on ne peut rien contre cela. Mais un jour, crois-moi, le jour où tu seras en mesure de comprendre ce qui se joue, chaque jour. Le jour où tu comprendras le véritable sens du mot « honneur », ce jour là, tu seras fière d'avoir un tel sang dans tes veines. » Ton regard débordant de sommeil détaille encore l'homme, tu es vraiment fatiguée, mais tu refuses de le laisser. Tu veux rester avec lui, quitte à t'endormir dans ses bras. « Raconte moi l'histoire. » Un nouveau sourire fend ses lèvres. « Encore ? » Tu te contentes de hocher la tête, ne le lâchant plus du regard. « Tout a commencé il y a des siècles et des siècles, sur la Terre. Les premiers membres de la famille Bräeckburn, tes ancêtres. Ils étaient... » Et alors que les mots s'enchaînaient, construisant le passif de ta lignée au fur et à mesure des phrases, tu fermes les paupières, jusqu'à sombrer dans la dimension rassurante du sommeil.
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Théa P. Earnshaw
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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMer 17 Juil - 18:53



 
how long can you stand the pain? let it burn.


Ton regard est vide, froid. Le regard des Bräeckburn. Le regard de ton père. Tu te mords l'intérieur des joues, nerveuse. Tu n'oses pas fermer les yeux, car tu as peur de revoir les mêmes images. Peur de sentir cette fumée qui n'existe plus. D'avoir cette sensation d'étouffer, à nouveau. Assise à l'arrière de l'ambulance, sur le brancard, tu laisses le secouriste s'occuper de toi. Il vérifie que tout fonctionne bien chez toi, et même si tu as envie de lui envoyer ton petit poing de gamine de treize ans dans le nez, tu n'en fais rien. Ce type n'y est pour rien dans ce qui s'est passé. Il est juste là pour t'aider, rien de plus. Puis, de toute façon, tu n'as pas le droit de bouger ; tu es peut-être encore sous le choc. « Comment tu t'appelles ? » Tu te pinces les lèvres, hésitant à lui répondre. Mais, il n'a pas l'air méchant. Il est jeune et peut-être encore un peu inexpérimenté dans son métier, mais tout ce qu'il veut, c'est faire part de sa compassion pour t'aider, toi, la petite. Tu déglutis péniblement, reprenant. « Reaghán. Mais appelez-moi Rae. » Il sourit tranquillement. « Tu peux me tutoyer Rae. » Tu n'arrives pas à sourire, toi. C'est trop douloureux. Il baisse un peu les yeux, alors qu'il enroule une bande blanche autour de ta main gauche. Tout en se faisant, il reprend la parole. « Je suis sincèrement désolé pour ce qui est arrivé... » Tu secoues la tête, te mordant la lèvre comme pour empêcher les larmes de couler, encore. « Mais si ça peut te rassurer Rae, mes collègues auront tout tenté, vraiment. » Tu hoches brièvement la tête, essuyant tes yeux du revers de ta main. L'envie de lui en coller une passe bien rapidement. Il est sympa, ce gars. D'ailleurs, alors que les larmes deviennent trop dures à retenir, tu te laisses tomber dans ses bras. C'est impromptu, peut-être trop osé. Mais comment pourrait-on te le reprocher, hein ? Tu viens de perdre tes parents, merde. Il semble hésiter un instant, avant de refermer ses bras sur toi. Tu fermes les yeux et tu ne bouges plus.

+++

Deux semaines se sont écoulées. Déjà. Et pourtant, l'incendie reste inscrit à l'encre indélébile dans ta tête. Dès que tu t'endors, tu y penses. Tu revois les flammes dévorer les murs, la maisonnette entière s'embraser, emportant tout ; tes souvenirs, ton passé. Ta famille. Et en parlant de famille, voilà que tu as débarqué ici, dans cette immense villa. Trop grande, trop... Étrange en fait. Cet endroit pue le luxe et la bourgeoisie. Tout semble parfait, réglé au millimètre près. Trop parfait. Quand tu es arrivée, tu t'es perdue à plusieurs reprises oui, mais aujourd'hui, tu connais bien la maison, ses trois grands étages, son jardin gigantesque. Tu commences à trouver d'éventuelles planques et les bons plans. Tu n'en demandais pas tant. En réalité, tu n'as jamais voulu de tout ça. Tu n'as juste pas eu le choix. Sortant du bâtiment pour te rendre dans le jardin, tu rejoins, les mains au fond des poches, la maîtresse de maison. Ta « nouvelle » mère, Allison Wiltshire. Te voyant arriver alors qu'elle s'occupe de ses fleurs, elle t'accueille avec un grand sourire chaleureux. Tu as un peu de mal à te montrer réceptive à tout cela pour l'instant, mais, il faut dire que ce changement de vie soudain... Tu es encore bien perturbée. « Je ne vous.. Te dérange pas ? » Elle secoue la tête, constatant avec amusement que tu hésites encore sur le vouvoiement. « Bien sûr que non ma belle. Tu viens profiter du soleil, toi aussi ? Tu fais bien ! Cette journée est exceptionnelle, tu ne trouves pas ? » Tu te forces à sourire un peu. « Oui, bien entendu... » Et tu baisses les yeux, alors que le silence revient planer au dessus de vos têtes. Elle continue ses découpes dans la végétation, tu détailles tes pieds un instant avant de reprendre. « Allison, je voulais te demander quelque chose... Par rapport à mes parents... » La femme perd un peu de son sourire, s'arrêtant immédiatement pour se redresser doucement. Elle s'approche de toi un instant, se voulant rassurante. « Que veux-tu savoir ? » Tu hausses un peu les épaules. « Je sais bien que je ne pourrais pas oublier tu sais, mais j'ai besoin de savoir, juste pour... Aller mieux je crois. » Elle enlève ses gants et glisse ses mains sur tes épaules, douce, calme. « Dis-moi tout. » Tu te mords la lèvre avant de finalement, replanter tes yeux dans les siens. « Je voulais juste savoir si la police vous avait dit ce qui s'était passé. Pour le peu de temps que je suis restée à l'orphelinat, les gardiennes n'ont pas voulu me lâcher le morceau... » Elle soupire un peu, visiblement pas sûre de savoir si elle doit répondre ou non. Mais ton regard se fait insistant ; le besoin est là, et il est bien réel. « Je ne savais pas trop si je devais t'en parler tu sais. Mais, je pense pourquoi tu as le droit de savoir, après tout. » Elle déglutit, marquant une pause. « D'après les recherches de la police, tes parents étaient... Des cibles. Des personnes dangereuses pour cette organisation secrète que tu dois connaître, la Vox Populi. Ta mère, étant journaliste, était apparemment tombée sur des documents extrêmement compromettants pour cette organisation. Vous étiez les cibles d'un attentat, ta famille et toi. » Tu sens tes yeux s'embrumer, la colère te gagner, là, au fond de ton petit cœur. Ainsi donc, c'est à cause de ces anarchistes que tout cela est arrivé ? C'est pour cette raison que ton père t'a entraînée, continuellement, à tout un tas de choses ? Il savait qu'ils risquaient quelque chose en particulier, en fouillant dans les affaires de la Vox ? Tu es furieuse, mais comme il te l'a enseigné, tu contiens ta rage à l'intérieur. Et derrière ce sourire faux se cache la promesse de les venger, un jour. Elle glisse ses mains sur tes joues, cherchant à capter ton attention. « Il ne te feront plus de mal, tu es sous notre protection maintenant, et nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour qu'ils ne t'atteignent pas, Rae. » Tu hoches maladroitement la tête, partagée entre l'envie de fuir d'ici et de serrer cette femme dans tes bras. « Je comptais t'en parler ce soir, mais tant qu'on y est... Nous avons reçu tes nouveaux papiers. Ainsi, ce ne sera plus Rae Bräeckburn, mais Théa Antiope Phaedra Earnshaw. Nous dirons que tu auras hérité du côté grec de la famille de Jim. Nous aurions dû te prévenir, mais, le moment n'était pas bien choisi... » Tu secoues la tête, coupant court à toute conversation. « Non, c'est bon, c'est très bien comme ça. » Puis, tu la serres dans tes bras, l'embrassant sur la joue au passage. « Merci beaucoup Allie, pour tout ce que toi et Jim faites pour moi... Je vous aime beaucoup... » Elle ferme les yeux, même si tu ne peux pas le voir, et souffle à son tour. « Nous t'aimons aussi, Théa. »
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Théa P. Earnshaw
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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMer 17 Juil - 19:36



 
 
you'll suffer as never in your life before.


« Bienvenue à l'école des cadets du bureau du SCI. » Tu regardes l'instructeur en uniforme, assise là, dans cette salle, avec douze autres jeunes de seize ans. C'est jeune, pour les services secrets, non ? Ouais. En fait, ce n'est pas tellement ça. C'est plus une école préparatoire, un premier pas vers ton futur métier. Personne ne parle, personne n'ose couper l'homme en face, sa mine autoritaire en dissuade les plus insolents d'entre vous. « Si vous êtes ici, c'est parce que vous avez choisi de servir l'empire. Mais ça, vous en êtes encore bien loin. Pour l'instant, vous n'êtes que des petits merdeux à qui on doit encore tout apprendre. Si vous êtes ici, c'est que vous avez des bases, quelque chose de plus que vos anciens camarades de classe. Vous êtes ici aujourd'hui pour développer vos capacités, et vous en trouver dans d'autres domaines encore. » Il marque une pause, fait un énième aller-retour avec ses mains croisées dans son dos. Il est froid. Il fait peur. Mais toi aussi, tu demeures de glace. « La route est encore longue pour vous. Sachez que les meilleurs sont activés à l'âge de vingt-ans. Sauf que, en vous voyant, je doute que vous soyez un jour à leur niveau. Sans compter que beaucoup d'entre vous abandonneront avant les quatre ans. Alors, avant de se lancer dans les choses sérieuses, que ceux qui se sont trompés de route lèvent la main, et maintenant. » Bien évidemment, personne ne lève la main. Personne ne craque, puisque au final, vous êtes tous là pour la même chose. Vous croyez que ça va être simple, que ça va passer tranquillement. Vous pensez que ce type exagère juste pour vous faire peur. Qu'est-ce que vous pouvez être naïf. « Vous allez souffrir, continuellement. Physiquement, mentalement. Vous allez apprendre dur, on va vous bourrer le crâne, vous poussez jusqu'à vos retranchements les plus secrets. On vous repoussera toujours jusqu'à vos limites, jusqu'à ce que la douleur vous bousille au point que, par la suite, elle n'existera plus. » Un curieux sourire un peu malsain étire les lèvres de l'homme. « Mais, si vous vous en sentez capable... » Et écartant les bras, il reprend. « Bienvenue en enfer les enfants. » Et quel enfer, t'en as pas idée. Pas encore.

+++

« Lève tes poings un peu ! Recule ta jambe, voilà, en appui. Et bouge ton épaule bordel, t'attends quoi, qu'elle t'en colle une autre ? » Tu t'appliques, tu fais de ton mieux ; le combat, tu aimes ça, mais face à l'autre garce que tu ne peux pas voir en peinture, ça devient tout de suite plus dur. Si la colère domine, la victoire est perdue. C'est ce que te disait ton père, ton vrai père. Mais pourtant, avec l'autre en face, ton sang ne fait qu'un tour. La haine motive aussi, non ? Non, elle t'aveugle. T'aurait-il répondu. Et pas manqué, par un coup de sang, tu essayes d'attaquer, mais tu te retrouves à découvert et elle en profite pour te frapper en plein visage. Aïe. Tu recules avant de retomber contre les cordes du ring, le sang perlant de ton nez à tes lèvres, glissant sur ton menton puis dans ton cou, pour s'éponger dans ta brassière noire. Elle t'a fait affreusement mal, la garce. Le coach vous regarde à tour de rôle, secoue désespérément la tête et reprend. « Allez, c'est bon, on arrête le massacre là. Excellent travail Hayley. Théa, tu sais ce que j'en pense. Vous pouvez aller à la douche. » Ladite Hayley te regarde de travers. Elle te nargue, hausse un peu les épaules avec ce sourire puant que tu rêves de lui faire ravaler. « Désolé Théa, on n'est pas tous faits pour ça. Un an déjà, t'as toujours pas retenu la leçon ? Ma pauvre, t'aurais mieux fait de faire tes valises le premier jour. De toute façon, j'en attendais pas moins d'une gosse de riche. » Gosse de riche ? Elle parle de qui, de ta famille adoptive ? Très certainement, vu qu'elle ne sait rien de ton passé, comme personne ici. Il faut dire que dans la section, vous ne venez pas tous du même milieu. Si ton père fait la une des journaux parfois, ce n'est pas le cas de tout le monde ici. Certains sont partis de rien. Tu souris dans le vide, tu la regardes. Elle finit par te tourner le dos pour sortir du ring, et encore une fois, tu as un de ces coups de sang assez courants. Tu l'attrapes par les épaules, la faisant brusquement basculer en arrière, et sans lui laisser le temps de réagir, tu t'installes sur elle, commençant déjà à la frapper. Ouais, t'es en colère. Ouais, tu dépasses les bornes. Rien à faire, tu continues à frapper, alors que son visage se met à saigner, à rougir. Tu as son sang sur tes poings, tellement tu frappes fort. Pourtant, tu n'as pas envoyé tant de coups, mais ils étaient tellement puissants qu'elle se retrouve dans un sale état. Malheureusement pour toi, en quelques secondes le coach et d'autres recrues sont déjà sur le ring pour vous séparer, on te tire loin à l'écart et l'instructeur te prend personnellement à part, te plaquant violemment contre le mur. « Wiltshire, Harrisson, dépêchez-vous d'amener Hayley à l'infirmerie, expliquez rapidement la situation à l'infirmière, qu'on la soigne. » Il se reconcentre sur toi alors que les deux garçons s'exécutent en arrière plan. « Quand à toi Earnshaw, qu'est-ce qui t'a pris hein ? T'es complètement tarée, t'as pété un câble ? » Il te crie dessus, tu restes incroyablement neutre, sans expression. Tu te contentes de figer tes yeux dans les siens. « J'ai même pas envie de me prendre la tête avec tes conneries, je ne veux plus te voir sur mon ring jusqu'à nouvel ordre, je ne veux plus te voir toucher des gants de combat. Maintenant, au bureau de l'instructeur en chef, bouge toi. » Tu serres les dents ? Plus le droit de venir sur son ring ? Ça faisait partie des règles ; briser le règlement du coach Hooper, c'est accepter de ne plus remonter sur SON ring. Sans plus attendre, tu t'exécutes, défaisant tes gants que tu balances par terre sans y faire attention, partant plutôt d'un pas décidé vers le bureau de l'instructeur en chef. Ça craint, tu le sais.

Quelques maigres minutes s'écoulent et tu es dans le bureau du chef de section, mains dans le dos, au repos. Il est toujours au téléphone quand tu arrives. « ... oui, elle vient d'arriver. C'est bon, je m'en occupe. » Il raccroche presque brusquement et s'assoit sur son bureau, dubitatif. Il te dévisage, joignant le bout de ses doigts devant ses lèvres. Tu gardes ton regard fixé sur lui, froid, plein d'une colère encore présente. « Vous vouliez me voir monsieur. » Il serre les dents, essaye de contenir un calme qui n'est pas dans ses habitudes. « Qu'est-ce qui t'est passé par l'esprit, hein ? T'as complètement déraillé Earnshaw, tu te crois où, hein ? » Tu ne cilles pas, même s'il hausse le ton, même si tu sens qu'il s'énerve lentement. Tu ne dis rien, pas la peine. Il insiste pourtant. « T'as perdu ta langue Earnshaw ? » Tu finis par soupirer, essayant de retrouver un minimum ton calme avant de formuler une réponse potable. Tu as envie d'y aller au culot, comme toujours. Mais tu ne sais pas si ça peut passer avec lui, et quelles seront les conséquences si tu te loupes. Au diable les conséquences, tu le regardes et tu reprends. « Non monsieur. Mais si vous attendez des excuses de ma part, si vous attendez que je vous dise que j'ai fait une erreur en la frappant, que ce j'ai fait, c'était mal. Hé bien autant faire mes valises sur-le-champ et quitter ces locaux. » Il demeure silencieux à son tour, te jauge un peu sans vraiment réagir. Il secoue la tête, épluchant désespérément un dossier. Sans doute le tiens. Il finit par soupirer. « Tu lui as cassé le nez, tu le sais ça ? » Tu hausses un peu les épaules. « C'est l'infirmière qui le dit monsieur. » Il secoue un peu la tête. « Ce n'est pas la première fois que tu t'énerves comme ça Earnshaw. Surtout vis à vis de Hayley Grahams. Et si tu n'étais jamais arrivée à une telle extrémité avec elle, tu n'as pas intérêt à recommencer sinon, je serais dans l'obligation de te mettre à la porte. » Il referme ton dossier, reporte son regard brun sur toi. Tu le regardes, ne cherchant pas à parler, à intervenir. C'est lui le chef ici. « Tu as passé ta première année avec succès, tu as de bons résultats, même excellents dans certaines matières. Ne fous pas tout en l'air à cause de tes coups de sang. » Tu hoches un peu la tête, baissant les yeux pour le coup. C'est vrai que tu es une des meilleures recrues. Tu as de très bonnes capacités du côté de la survie, mais aussi pour tout ce qui est un peu plus cérébral ; la topographie, élaborer des plans, chercher une sortie en cas d'urgence. Oui, tu peux le dire sans prétention, tes capacités de réflexion dépassent la moyenne, et c'est en partie pour cela que tu es là aujourd'hui. « Et pour l'entraînement ? Je peux plus monter sur le ring, ni boxer. » Tu finis par demander, parce que tu n'as aucune idée de comment tu vas convaincre Hooper de remonter sur le ring de boxe. « Ça, c'est l'affaire de Hooper. Il a ses règles, t'en as brisé une aujourd'hui, c'est lui qui décide. Crois-moi, tu auras autre chose à faire pendant ta punition, tu peux lui faire confiance là-dessus. » Tu hoches un peu la tête. « Allez c'est bon, tu peux y aller. » Et c'est alors que tu fais volte-face, t'apprêtant à sortir du bureau pour rejoindre les douches. Mais alors que tu appuies sur la poignée pour sortir, tu te retournes une dernière fois vers lui. « Merci monsieur. » Il secoue la tête. « Me remercie pas Earnshaw. Tu vas en baver, les choses vont être encore plus dur pour toi maintenant. » Tu acquiesces à nouveau avant de sortir pour de bon. Tu fermes la porte derrière toi, glissant tes mains dans tes cheveux. Il a raison. Maintenant tu vas te retrouver avec Hayley et ceux avec lesquels elle le plus d'affinités à dos. Tu ne pourras compter que sur toi. Comme toujours.

+++

Minuit. Tout le monde est aux dortoirs, toute la section, comme tous les soirs à partir de vingt-trois heures. Toi pendant ce temps, tu t'es faufilée jusqu'au gymnase. Soufflant profondément, tu attrapes souplement la corde dans tes mains, entreprenant de monter jusqu'au bout, soit cinq mètres au-dessus du sol. Tu as tellement l'habitude, tu n'as même plus besoin de t'aider de tes pieds. Et tu recommences l'opération plusieurs fois, jusqu'à ce que la fatigue se fasse trop sentir. Un mois s'est écoulé depuis la bagarre déclenchée avec Hayley, un long mois déjà, et Hooper te refuse toujours le combat. Alors, ce que tu as fait au bout d'une semaine, c'est de venir ici t'entraîner. Seule, dans la nuit, avec la faible lueur du clair de lune pour éclairer les différents obstacles de la salle. Tu fais un peu de tout, de la corde à sauter, du parcours, tu en profites aussi pour frapper dans les sacs de sable, tout ce que tu ne peux plus toucher en temps normal. Tu montes sur le ring, tu fais tes échauffements et t'imagines des situations. Cela ne vaut pas un certain combat, mais c'est mieux que rien. La porte s'ouvre mais tu n'y fais pas attention, tu es bien trop concentrée sur tes mouvements. « Earnshaw. » Tu te retournes brusquement, à la fois surprise et inquiète de savoir qui peut être ici à cet heure-ci. Si c'est un instructeur, tu sais que tu es plus que mal, et pourtant, sa silhouette ne te dit rien. Il est caché par son sweet à capuche gris sombre, et sa démarche ne te dit vraiment rien. Il arrive sur le ring, pose ses affaires dans un coin et enlève sa veste, restant en short de boxe. Tu baisses un peu les yeux, toujours aussi étonnée, mais aussi intriguée. Qui est-il, qu'est-ce qu'il vient faire ici ? Tu regardes les multiples cicatrices qui parcourent son corps, et il reporte son regard vers toi, froid, presque hautain. La température redescend brusquement. « Tu sais que t'as pas le droit d'être là, la recrue ? » Tu hoches un peu la tête. Tu as déjà vu son visage quelque part, à l'occasion d'un entraînement certainement. Il a quoi ? Trois ans de plus que toi ? Toujours est-il que lui est un agent activé, et il fait ce qu'il veut, donc s'il veut venir là, ça ne tient qu'à lui. Toi en revanche... « Qu'est-ce que tu vas faire, tu vas me balancer ? » Lances-tu un peu maladroitement. Tu tâtes le terrain, tu essayes de voir si tu peux rester ou pas. Il hausse les sourcils, te regarde avec dédain un court instant. « Tu crois vraiment qu'j'ai que ça à faire, m'occuper de la vie des recrues ? Tu fais ce que tu veux, c'est pas mon problème. Sache juste que ta section part dans sept minutes pour une course d'orientation nocturne surprise, alors si t'es pas au dortoir quand les instructeurs viendront pour te réveiller, t'auras des problèmes petite. » Tu secoues la tête, peu crédule. « Qu'est-ce qui me dit que t'as raison, hein ? » Il hausse les épaules. « Il te reste environ six minutes. » Tu soupires et finalement, tu pars au pas de course vers les dortoirs, le laissant là, l'inconnu. Tu espères de tout coeur qu'il a raison, car sinon, sa manoeuvre aura été complètement inutile ; tu retourneras au gymnase, que cela lui plaise ou non. Bref, pour l'instant, tu te glisses silencieusement dans tes draps, fermant les yeux pour donner un minimum l'illusion que tu dors. Cinq minutes. Quatre. Trois. Deux. Un. Rien. Rien ne se passe. Ou presque, puisque brusquement quelqu'un entre dans la pièce. « Allez debout, tenue de sport, récupérez les cartes sur lesquelles vous avez bossé aujourd'hui, boussole, crayon et rien d'autre, on se voit dehors dans trente secondes. » Immédiatement ou presque, tout le monde réagit, et toi la première. Tu ne peux retenir un curieux sourire. Il avait raison.
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Théa P. Earnshaw
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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMer 17 Juil - 19:50




 
and the needle, and the thread of the thing.


Dix heures du matin, tout le monde est dans le gymnase. Toi, du haut de tes dix-huit ans, tu es toujours avec eux. Et pourtant, tu n'es plus une recrue, non. Tu as été activée, ta première mission pour l'empire s'est faite la nuit dernière. Tu secoues la tête, essayant de l'oublier. Tu regardes dans le vide, tu es comme certains le diraient « dans la lune ». Pourtant, la voix de Hooper interrompt tes rêveries. « Earnshaw, sur le ring. » C'est vrai, tu n'as été interdite de ring que pendant les six mois suivant ton affront, même si ça ne t'empêche pas de venir toujours t'entraîner la nuit. D'ailleurs, ces petits entraînements nocturnes y sont pour beaucoup dans ton évolution ici, sur le plan physique, tu as presque deux ans d'avance, au niveau des techniques. Et pour ça, tu peux remercier l'inconnu. Mais, il n'est pas vraiment temps d'y songer, non. Tu montes sur le ring, enfilant tes maigres gants de combat. Tu es seule, tu les regardes tous. Tu sais que plusieurs d'entre eux te détestent pour ne pas les avoir attendus, pour avoir été activée en avance. Tu sens l'amertume dans leurs yeux, mais tu n'en n'es pas moins ailleurs. « Bon, allez, qui veut être confronté en premier à Earnshaw ? » Ils te fixent tous, tu n'y prêtes pas le moins du monde attention. Puis, quelqu'un arrive sur le ring, tu le regardes, tu sens la rage dans ses yeux. Toi, tu n'es pas énervée, tu es juste vide. « Jake, Théa, on joue ça en K.O ou soumission. » Tu hoches la tête, mets ton dentier de protection et frappe dans sa main comme le veut la tradition. Le match commence à peine qu'il charge sur toi, te plaquant contre les cordes. Tu grimaces un peu, mais quelques coups dans les côtes suffisent à le faire lâcher prise. Il recule, tu détournes brièvement son attention avant de le faire tomber, clé de coude, et il tape la surface du ring. Tu le relâches et te relèves, reculant encore une fois, en attendant un nouvel adversaire.

Tu ne t'en rends pas encore compte, mais tu cogites beaucoup trop. Tu repenses plus que de raison à ta mission de cette nuit, à la tournure catastrophique qu'ont pris les événements. Ce n'est vraiment pas ce que l'on peut souhaiter pour une première. Tout doucement, tu t'emballes, sans trop y porter d'importance. C'est très mauvais pourtant, et tu le sais... Tu t'énerves bien moins vite qu'avant, surtout en combat et encore une fois, tu peux le remercier lui pour ça... Mais sur l'instant, tu n'arrives pas à contenir cette haine exacerbée. Celle que tu entretiens, contre toi-même. « Millie, sur le ring. » Elle monte, tu passes nerveusement le revers de ton gant sur ton nez, et tu repars à l'assaut. Elle s'approche, tente quelque chose, mais au bout de quelques maigres secondes, elle a le bras dans le dos. Tu la relâches presque brusquement, la laissant retomber. Ce n'est pas toi, ça. D'ordinaire, tu l'aurais aidée à se relever, là, tu la laisses par terre. Hooper te regarde bizarrement, certainement a-t-il compris que quelque chose ne va pas, et pourtant, il envoie quelqu'un d'autre sur le ring. « Ethan, ton tour. » Ce dernier arbore un large sourire, il est vrai que c'est quelqu'un que tu apprécies, en temps normal. Pourtant, cela ne t'empêche pas au bout de quelques longues minutes de le plaquer au sol en manquant de lui péter l'épaule. Hooper fronce les sourcils et le fait descendre, alors que le garçon affirme qu'il est paré pour un second round. « Théa, relâche la pression un peu, c'est pas une compétition. » Tu gardes les sourcils froncés, cet air furieux qui ne fait que se renforcer au fil des combats. « Un autre. » Une fille monte, tu essayes de contenir le peu de calme qu'il te reste, de te montrer diplomate, un minimum. Et pourtant en contre bas, tu entends des murmures, des souffles qui se perdent et qui racontent distraitement que ta première mission ne se serait pas si bien passée. Ne faisant pas attention au combat, tu reçois quelques coups mais tu reprends rapidement la main, et remporte par abandon de l'adversaire. C'est alors que, agacée, tu reviens vers les cordes, te penchant un peu dessus pour détailler Hayley, la langue de vipère. « Qu'est-ce que t'as, t'es à cran Earnshaw ? » Tu souris, dissimulant difficilement ta haine et ta folie. Elle fait de même, sauf que tu la sens parfaitement sereine. « Tu veux tester par toi-même ? » C'est clairement une invitation. Elle hausse les sourcils, et se décide à monter sur le ring. Hooper intervient presque par réflexe. « Les filles, si vous combattez, je veux un match fair-play, compris ? » Tu tapes presque violemment dans la main de ton adversaire et tu recules immédiatement, prête à te battre. Étonnement, tu la laisses frapper, puisque la douleur est certainement la seule chose qui peut te distraire de ta colère, sur l'instant. Tu finis par en saigner de la lèvre inférieure, mais, c'est vite oublié. Tu esquives une fois, deux fois les coups puissants qu'elle peut t'envoyer. « Alors, c'est tout ce que t'as ? Je croyais que t'étais activée, non ? » Encore une fois, le même point refait surface. Tu tentes de l'ignorer, même si ton instinct te dicte presque sévèrement de lui éclater le nez, une seconde fois. Elle n'attend que ça de toute façon, que tu dérapes, juste pour que l'on te vire pour de bon. Tu ne veux pas lui faire ce plaisir, oh que non. Elle te charge, te plaque contre l'une des colonnes du ring et tu grimaces quand le choc se fait sentir dans ton dos, malheureusement pour elle, tu te dégages bien vite et l'oblige à reculer. Tu ne veux pas la frapper, tu as peur de ne plus t'arrêter si tu commences. Elle arrive derrière toi, te tient prisonnière de ses deux bras, elle veut te forcer à abandonner en attrapant un bras qu'elle bloque dans ton dos, faisant torsion sur ton épaule. Tu serres fort les dents, refusant de la laisser gagner. « Allez, abandonne, je te pète le bras sinon. » Te siffle-t-elle agressivement à l'oreille. Pourtant, ce n'est pas dans tes intentions. Elle appuie encore un peu et tu laisses échapper grognement de douleur. Merde. Finalement, tu cèdes à ta rage, et tu envoies ton coude en arrière, sans aucune retenue, deux fois de suite. Elle semble un peu sonnée puisque lâche prise pour reculer, mais tu ne lui laisses pas le temps de reprendre ses esprits ; tu lui colles ton poing en plein visage et elle tombe, inanimée par terre. Tu jettes un coup d'oeil à Hooper, à tous tes anciens camarades qui, estomaqués te regardent avec leurs grands yeux d'ahuris. « Quelqu'un d'autre a une remarque à me faire ? Quelqu'un d'autre en veut ? » Tu cris, non pire, tu hurles. Aucun ne cille, même Hooper ne dit rien. Non, de toute façon, il n'y a rien à dire. L'autre se redresse un peu au sol, gémissant toujours de douleur, mais toi, tu n'en as rien à faire. Tu préfères partir, sortir de cette salle, laissant derrière toi un silence glacé marquant ton passage.

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Frappe, frappe, pied, souffle. Inspire, expire. Tu répètes l'opération, encore, toujours. Comme s'il n'y avait que cela qui comptait désormais. Tu ne t'en rends pas compte, mais les bandes blanches qui couvrent tes poings rougissent au niveau des articulations. Quelle importance. Tu as les doigts brisés en mille morceaux, tu n'arrives même plus à avoir mal. Tu gardes juste ton regard de glace braqué sur le sac dans lequel tu frappes. Il est déjà minuit, plus personne n'est là, sauf toi. Tu es partie ce matin pour mieux revenir ce soir, enfin, cette nuit. Parce que tu as ce besoin oppressant de te défouler, de laisser libre cours à tes pulsions. Tu ne t'en rends pas compte, mais les larmes menacent de tomber. Alors, tu renifles, tu fais comme si de rien n'était et tu continues, sans jamais t'arrêter. « Théa. » Tu ne te retournes pas. Tu ne fais que frapper d'autant plus fort, d'autant plus vite dans le sac. Tu ne vois pas l'inquiétude qui se dessine sur ses traits, tu n'aperçois pas son regard vide se poser sur toi. Ton rythme cardiaque s'accélère, ton souffle aussi, tu serres les dents comme tu peux, et les larmes commencent à dévaler la pâle surface de ton visage. « Théa ! » C'est limite s'il te crie dessus, tu n'y fais pas attention, jusqu'à ce qu'il t'attrape par l'intérieur des bras pour te faire reculer. Tu te débats, te remettant à frapper avec plus de conviction encore dans le sac. « Lâche-moi ! » Pourtant, il revient à la charge et t'emprisonne de ses bras. Tu te débats encore une fois, mais tu ne parviens pas à lui faire lâcher prise ; il te fait reculer et te relâche sur un tatami. Furieuse, tu fais volte-face, le regardant alors que lui demeure impassible, malgré les circonstances. « P*tain, qu'est-ce que tu me veux toi aussi, hein ? » Lui craches-tu au visage, sans aucune retenue. « Calme toi Théa ! » Il est de glace, prêt à parer le moindre coup. « NON ! Et si t'es pas content, tu peux dégager ! » Et tu repars à l'assaut d'un sac, les mains crispées et ensanglantées, frappant toujours plus fort. « Arrête Théa ! » Tu te retournes. « Quoi encore ? Qu'est-ce que tu comprends pas dans dégage de là, hein ? T'es peut-être trop attardé pour le comprendre, ça ? » Il regarde ailleurs, visiblement touché parce que tu viens de lui dire. Il faut dire que c'est très bas, ce que tu viens de faire, sachant que ce gars qui t'entraîne depuis deux ans maintenant la nuit, a des problèmes de dyslexie, et tout un tas d'autre problèmes qu'il se colle. En soit, ça n'a pas de rapport avec le fait d'être attardé, mais plutôt avec la notion de « comprendre ça » sur laquelle tu as bien appuyée. Énervé, il t'attrape à nouveau pour te balancer par terre. Tu retombes sur la surface froide du sol, et tu le détailles. « Tu veux frapper quelque chose, hé bien frappe-moi Théa ! Regarde toi, regarde comme ta rage te bouffe ! » Tu te relèves et c'est rugissante que tu charges sur lui, le plaquant contre le bord extérieur du ring. Il esquive chacun de tes coups avec aisance, et finit même par se retourner pour bloquer ton bras dans ton dos. « Arrête ! » Tu grognes. « Non, lâche-moi ! » Il force un peu plus encore. « Calme-toi Théa, c'est un ordre ! » Tu te débats d'autant plus fort, même si ton articulation du coude te fait souffrir le martyr. « Lâche-moi je t'ai dit ! » Il secoue la tête, tu sens son souffle dans ta nuque. « Si tu ne te calmes pas immédiatement, je te pète le coude, et sois-en sûre, je vais le faire. » Tu as un espèce de ricanement malsain, limite fou. « Tu bluffes. » Si tu pouvais le voir, tu comprendrais à quel point il est sérieux, vu sa manière de hausser les sourcils. Tu forces un peu plus, et un craquement se fait entendre, c'est alors que tu retombes à terre, une douleur parcourant brusquement tout ton bras. « Je ne voulais pas en venir là. » Tu as envie de hurler, mais tu ne le fais pas. Tu étouffes chaque bruit de ton poing, plaqué contre tes lèvres. Tu ne bouges plus, te laissant plutôt aller à de douloureux sanglots. Ça y est, tu craques, complètement. Il te regarde, là, debout. Tu fais pitié, pas vrai ? Il ne dit rien, ne cille pas, il se contente de te regarder souffrir, à terre. Il doit se dire que tu le mérites bien, et tu n'iras pas dire le contraire. « Tu m'as fait mal ! » Rugis-tu, te redressant péniblement en t'aidant des cordes. « Tu m'as fait mal. » Reprends-tu plus doucement, te rapprochant de lui. Comment fait-il pour garder ce masque ? Comment fait-il pour demeurer aussi impassible, alors que c'est de la douleur pure qui naît au fond de tes yeux. « Vas faire soigner ton coude. » Tu serres et desserres les mâchoires, tu le fixes, t'approchant encore un peu de lui. « Je te hais. » Craches-tu presque silencieusement à son attention. C'est à peine si tu le fais bouger. Alors, tu le contournes, et tu pars. Loin.

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Tu te réveilles en sursaut. Six heures du matin. Une semaine s'est écoulée, et tu as toujours aussi mal au coude. Et pourtant, ce n'est pas faute de prendre les cachets que l'infirmière t'a prescrits, non. Tu te laisses glisser de ton lit, tu vas plutôt sous la douche, histoire d'être bien réveillée. L'eau est froide, mais, ça fait plus de bien qu'autre chose alors tu y restes quelques longues minutes. Le temps de te préparer, d'avaler quelque chose, il est déjà sept heures alors, tu t'empresses de monter à l'étage, sans pour autant en être ravie. Tu frappes légèrement à la porte d'une des nombreuses pièces de ce couloir, on te somme d'entrer alors, tu t'exécutes. Une femme d'un certain âge t'accueille avec un large sourire. « Théa, entre je t'en prie. » Tu as toujours été frappée par l'élégance de cette femme, son attitude, sa délicatesse. La luxure à l'état brut. Tu t'approches silencieusement, t'asseyant face à elle. Elle sourit un peu. « Alors, dis-moi, comment va ton bras ? » Tu hausses un peu les épaules, regardant l'écharpe qui t'emprisonne tout l'avant bras. « On récupère doucement. Une chance que rien n'était cassé, mais je me demande encore comment j'ai pu me faire aussi mal en frappant dans un sac de sable. » Elle conserve son petit sourire. « L'usure certainement, tu ne lui as pas accordé assez de repos entre deux séances d'entraînement. » Tu hoches la tête, répondant d'un timide. « Certainement. » Qui vient confirmer les dires de la femme.

Tu respires profondément, confortablement calée dans le fauteuil. Elle a les genoux croisés, elle te détaille sans aucune retenue de ses yeux plissés, appuyant son regard perçant. Un court instant de silence marque la pause, mais surtout, le début du match, car tu le sais ; l'entretien ne commence réellement que maintenant. « Alors, comment tu vas, Théa ? » Tu serres les dents, te forçant à la regarder dans les yeux. Alors que d'ordinaire, tu es de glace, ces derniers jours, tu ne sais plus tellement jouer la carte de l'indifférence. Tu secoues un peu la tête, haussant légèrement les sourcils. « Je vais... Bien. » Tu essayes de feindre un sourire rassurant, même si ce n'est pas simple. Tes yeux brillent, tu ne t'en rends même pas compte, et c'est alors que tu reprends. « Je vais bien, oui. Si ce n'est l'insomnie, les souvenirs, l'impression constante que quelque chose de terrible est sur le point de se produire. » Elle se penche un peu sur son bureau, s'intéressant de plus près à ta personne. « Tu fais des cauchemars ? » Tes yeux demeurent rouges, tu secoues pourtant la tête. « Non, ce ne sont pas des cauchemars. Ils sont bien trop réels. Ils sont juste un concentré de beaucoup trop de choses et j'ai l'impression que ma tête va exploser... C'est comme une crise de panique soudaine, la sensation d'être submergée par tout, de ne plus rien pouvoir contrôler. » Elle ne prend pas de notes. Elle n'en prend jamais, de toute façon, sauf en fin de séance, quand ses patients sont partis. « Et tu te réveilles en sursaut ? » Tu serres les dents, encore une fois. Tu as envie de pleurer, mais plus par colère qu'autre chose. L'incompréhension, voilà ce qui te rend dingue. « Pas vraiment, je... J'arrête de respirer, brusquement, sans m'en rendre compte. C'est comme si je me noyais, volontairement. Je me laissais couler en acceptant que tous ces événements me dépassent, et finissent par me tuer. Et c'est quand je commence sérieusement à manquer d'air que je me réveille. » Elle hausse un peu les sourcils, visiblement surprise d'une telle confession. Elle réfléchit un court instant avant de reprendre. « Et si tu décidais de ne pas te laisser agoniser. Si tu décidais de ne pas te noyer, de remonter à la surface, de tout remettre en ordre. » Tu secoues la tête. « Je ne peux pas. » Elle s'appuie un peu plus sur son bureau. « Les cauchemars sont douloureux. Ils font remonter à la surface toutes les parties sombres qui nous composent. Celles que l'on décide d'ignorer, ou même, d'oublier. Mais, on peut souhaiter de les oublier autant que l'on veut, elles seront toujours là, présentes, tapies quelque part dans l'ombre de notre esprit. » Elle marque une pause, captant ton regard jusqu'à ne plus le lâcher. Tu ne sens pas les larmes qui perlent sur tes joues, doucement, tout doucement. « Ce sont toutes tes peurs, les souvenirs les plus terribles, les sensations les plus affreuses. Tout ce qui te terrorise, qui se concentre dans ce cauchemar. Il peut aller de la simple angoisse d'être suivie, à revivre une scène de ton passé à l'infini, sans que tu ne puisses rien changer à cette scène, aussi dramatique soit-elle. » Elle presse ses mains sur les tiennes, posées sur le bureau. Elle se penche encore un peu, et reprend d'une voix encore plus douce. « Tu dois affronter tes peurs Théa, arrêter de les fuir. Ces cauchemars, aussi réels semblent-ils, tu dois les confronter. Et dans toute cette noirceur, tu finiras bien par te rendre compte que, comme dans les rêves, il y a quelque chose qui ne colle pas. Un mot, un geste, un simple prénom ou même un objet mal placé qui t'éloigne de la réalité. Alors, à ce moment là, tu devras prendre ton courage à deux mains et résister autant que possible. Ne pas ouvrir la bouche, ne pas laisser l'eau y rentrer. Tu devras te battre à la surface, et peu importe la douleur que cela représente. L'agonie ne sera que minime, en comparaison à la délivrance que cela sera pour toi. » Ses paroles. Elles t'hypnotisent. À croire qu'elle trouve chaque mots, précautionneusement choisis rien que pour toi. Tu bois ses paroles en silence, et les larmes sèchent paisiblement sur ton visage. « Est-ce que tu voudrais parler de ces souvenirs, Théa ? » Tu secoues la tête négativement. « Non, ce n'est pas... Ce n'est pas une bonne idée, non. » Elle plisse à nouveau les yeux. « D'après ce que j'ai compris, ta mission d'activation s'est plutôt mal passée, pas vrai ? » Tu secoues encore et toujours le tête. « Je ne tiens pas à en parler. » Elle soupire. « Tu devras bien finir par crever l'abcès, Théa. En attendant, tu en souffriras, toujours plus intensément. » Tu bondis presque de ta chaise, brusque. Elle cherche à te retourner la tête ? Qu'est-ce qu'elle veut au final ? T'aider. Mais non, tu ne veux pas. Tu n'as besoin de l'aide de personne. « C'est bon, arrêtez. C'est fini pour aujourd'hui. » Et elle n'a pas le temps de prononcer mot que tu claques déjà la porte derrière toi.

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Tu te décides enfin à sortir du parc, après une longue journée passée à scruter l'horizon. L'entretien avec la psychologue rattachée au SCI ne s'est pas vraiment passé comment tu avais pu l'espérer. Elle t'a carrément retournée la tête, à un tel point que tu as ressenti ce besoin oppressant de venir prendre une pause, ici, au milieu de nulle part. À regarder au loin, épier une ligne qui n'existe pas vraiment. Mais, tu t'es décidée à rentrer, et ce soir, alors que quelques minutes se sont écoulées depuis que minuit a été annoncé, tu viens devant la grande porte de gymnase. Entrer, ou pas. Le choix t'appartient, et même si tu préférerais largement faire demi-tour, tu ouvres quand même la porte. C'est sans surprise que tu le vois là, au milieu du ring avec un énorme sac de sable suspendu, entrain de frapper dedans aussi fort que possible. Tu baisses les yeux, hésitant encore un peu. Tu restes silencieuse, mais quelques minutes seulement puisque tu finis par ouvrir la bouche. « Silas ? » Il ne se retourne pas. Il t'a entendu, c'est sûr. C'est juste qu'il ne veut pas te voir. Tu fronces un peu les sourcils, relevant ton regard océan sur lui. « Silas, je peux te parler ? » Il frappe plus fort encore, sans même prêter attention à ta petite personne. « J'en ai pas pour longtemps, je veux juste... » Il se retourne brusquement, et te coupe dans ton élan. « Tu veux quoi ? Dégage de là Earnshaw, j'ai pas envie de te parler. » Tu secoues la tête, partagée entre l'inquiétude d'une réaction si vive, et l'envie de t'en aller et de le laisser tranquille. « Je voulais... » Encore une fois, il crache ses mots. « Je ne veux pas t'entendre, on a rien à se dire. » Tu le fixes, encore incrédule. La manière forte ou la fuite ? Avec lui, la première a toujours été de rigueur et pourtant, tu hésites. « Je veux juste m'excuser ! Et j'attends tes excuses aussi. » Pour t'avoir pété le bras ? Tu sais bien qu'il ne s'excusera pas, que ce n'est pas lui ça, et pourtant, tu oses l'espérer encore. Il secoue la tête et retourne à sa cible. « Je t'emmerde Earnshaw, et si c'est pas clair, c'est le même tarif. Maintenant, dégage d'ici. » Tu serres les dents et baisses les yeux. D'un côté, tu t'y attendais un peu. C'est Silas Burgess, ce n'est ni une recrue, ni un clown. C'est un de ces agents au passé plus sombre que de raison, qui ont décidé de se racheter pour x ou y raison en s'engageant à la vie à la mort dans les services de l'Empire. Personne ne sait quoique ce soit sur lui, même son prénom est encore secret pour beaucoup. Tout ce que l'on sait, c'est qu'il excelle dans l'assassinat, pourquoi, c'est une question mystère. Il est peu loquace, il aime envoyer balader son monde, il est cynique et la plupart du temps mauvais. Quel charmant personnage. Et pourtant, tu lui tiens tête, toi. Parce que tu le connais – tu crois le connaître – un minimum, pour te le permettre.

« Pas tant qu'on aura pas discuté. Pas tant que je n'aurais pas eu des excuses. » Tu montes sur le ring, et il se retourne vivement. Son regard est noir de colère, pourtant, tu ne cilles pas. « Des excuses ? Pourquoi donc ? Pour t'avoir empêché de finir par t'éclater le crâne contre le mur ? T'en auras pas, fin de la discussion. » Tu secoues la tête. « Mais... » Il s'approche de toi, beaucoup trop étant donné que tu peux sentir la chaleur de son corps frôlant le tient. « J'ai dit, fin de la discussion. » Tu hoches un peu la tête, dégoûtée, énervée. Contre toi, contre lui. Contre tout. Un court instant de silence s'installe, mais  tu viens bien vite le rompre lorsque tu te décides enfin à réagir, repoussant vivement ton aîné. « Non. Non, pas fin de la discussion. » à ton tour, tu ne lui laisses pas le temps d'en placer une, reprenant de plus belle. « Moi, je suis désolée. Désolée de t'avoir traité d'attardé. Désolée d'avoir essayé de te faire du mal. » Tu as mal, mal de t'excuser. Ça te brûle les lèvres et tu détestes t'abaisser à cela, et pourtant. Il fronce les sourcils, se rapproche de toi. Son visage est proche du tien, peut-être trop. Tu t'en fiches pas mal. « Je me fous de tes excuses. » Et c'est plus fort que toi. Tu le frappes ; une claque, sur la joue. Il tourne la tête sous l'effet du coup, mais reste impassible. Est-ce qu'il lit la douleur au fond de tes yeux ? Est-ce qu'il la comprend ? Certainement pas. Silas ne ressent rien. Silas est un monstre, blindé, paré à tous les sentiments. Qu'est-ce qu'un sentiment d'ailleurs, pour lui ? Rien. Ça n'existe pas. Ce n'est même plus dans son vocabulaire. Parce que Silas Burgess est froid, implacable et impeccable dans tout ce qu'il entreprend grâce à cela. Il serre les dents, il te regarde. Le silence s'est à nouveau fait une place de choix entre vous deux, puisque tu ne dis plus rien.

« Qu'est-ce qui t'arrive, Théa ? » Honnêtement, tu doutes qu'il en ait quelque chose à faire. Mais au moins, il fait la démarche de demander, ce qui est assez remarquable dans son cas. Mais que lui répondre ? La vérité, bien évidemment. « J'en sais rien. Je pète un câble. » Tu passes tes mains dans tes cheveux sombres, les ramenant un peu en arrière alors que tu renifles ta peine. Tu sais très bien pourquoi tu es comme ça, et il attend une réponse. Lui qui t'avait enseigné comment conserver ton sang-froid, ton calme... Depuis ta première mission, tu es constamment sur les nerfs, une bombe à retardement qui ne demande qu'à exploser et ce, même pour la plus infime des raisons. Étrangement, tu crois lire un air un peu plus inquiet sur ses traits. Il sait bien que quelque chose ne tourne plus rond chez toi. Par automatisme, comme un réflexe d'autodéfense face aux mots, tu reprends, plus agressive. « Mais de toute façon, tu n'en as rien à faire, alors fait pas semblant de t'y intéresser. » Il fronce un peu les sourcils, secouant la tête. Tout de suite, il semble bien plus détendu, et il s'approche de toi, glissant ses mains brûlantes sur tes joues. « Bien sûr que je m'inquiète pour toi. » Hargneuse, tu ne perds pas une seconde pour virer ses mains, reculant jusqu'à ce que ton corps se heurte aux cordes du ring. « N'importe quoi. » Il serre les dents, encore. Il aimerait bien t'en coller une, pas vrai ? Bien sûr que oui. « Et si tu me disais quel est le problème, plutôt que de contourner la question, hein ? » Tu serres les poings, ne le lâchant pas du regard alors que tes deux yeux sont plus sombres que jamais. Tu es à cran, en colère, comme d'habitude. « Dis-moi, Théa. » Et il insiste, encore une fois. « J'en sais rien ! » Finis-tu par lui cracher au visage. C'est faux, et vous le savez l'un comme l'autre. Tu sais très bien ce qui t'arrive, tu refuses juste de l'admettre. Parce que ça blesserait profondément ton orgueil. Tes lèvres tremblent, il en va de même pour tes mains et le reste de ton corps, secoué de légers soubresauts. « J'en sais rien... » La peine, la douleur, la souffrance. C'est la même chose, mais amplifiée, que l'on peut lire au fond des tes prunelles océans. La culpabilité constante qui te met sur les nerfs, qui te rend dingue. « Je suis énervée, constamment ! J'ai envie d'étriper tout le monde, de tout envoyer paître. J'en ai marre, tu comprends ça ? J'en ai marre de tout, de cette foutue école, de ce ring, de tout et tout le monde ici ! » Il secoue la tête, peu crédule. « Non, tu ne le penses pas... » Tu fronces les sourcils. « Bien sûr que si ! J'en ai rien à faire d'être ici, ailleurs, je ne veux pas de tout ça, tu comprends ? J'en veux plus, j'en peux plus Silas ! Regarde-toi ! Regarde ce que tu es devenu ! » Il secoue encore la tête. Quoi, tu n'es pas crédible ? Il est vrai que tu ne penses pas ce que tu dis, et pourtant, tu fais tout pour qu'il gobe tes mensonges. « Tu sais ce que je crois ? Je crois que tu as complètement pété un câble, depuis ta première mission. Tu es devenue complètement dingue, tu t'énerves contre tout le monde, constamment. Tu as la haine pour tout, à commencer pour toi-même. » Tu secoues la tête à ton tour. « Non, c'est faux. » Il te saisit par les épaules, te secouant légèrement. « Bien sûr que si Théa ! Ouvre les yeux ! Ta culpabilité est en train de te bouffer jusqu'à la moelle ! » Tes yeux s'embrument doucement, tu les sens plus humides que d'ordinaire, alors que ton visage se crispe dans la tristesse, encore une fois. « Je sais ce qui s'est passé, d'accord ? Je sais qu'Aiden est mort, tu entends ? Je le sais, tout ça. Mais tu n'as pas à t'en vouloir, Théa. Ce n'était pas de ta faute, tu comprends ? » Tu serres les dents. Il ne peut pas dire ça. Bien sûr que c'était de ta faute ! Alors, encore une fois, tu le pousses. « Non ! Tu n'en sais rien, Silas ! » Hurles-tu à son attention. Peut-être qu'il est au courant, mais tu refuses de l'entendre. « Tu n'étais pas là, tu n'as aucune idée de ce qui s'est passé ! Alors arrête, arrête de faire comme si tu comprenais, puisque tu ne comprends rien ! » Ton rythme cardiaque accélère brusquement, de même pour ta respiration qui se fait saccadée. Non, décidément, tu ne vas vraiment pas bien. « Tu ne peux pas comprendre. » Ta voix est entre-coupée de sanglots, c'est la panique qui te prend aux tripes, à la gorge. Tu te laisses faire, tu ne cherches même pas à arranger ton cas. Son regard se fait plus sombre que jamais, il perd les pédales, lentement. Tu le sens partir, lui aussi. Il s'énerve, vraiment, comme pour la première fois avec toi. Il te saisit par la mâchoire sans aucune délicatesse, t'obligeant à le regarder. « Bien sûr que je comprends ! » Il te repousse fort, trop même. Tu te retrouves le dos contre les cordes, alors que la distance entre vous deux se fait de plus en plus maigre. Sa voix est empreinte de rage, son ton est sec et puissant. « Bien sûr, Théa ! Puisque je l'ai vécu ! Aiden est mort, et après ? On est tous voués à crever, tu peux pas te l'enfoncer dans le crâne, ça ? C'était son tour, basta, tu vas pas épiloguer dessus toute ta vie, si ? Si t'es là pour te lamenter sur ton sort avec ta p*t*** de culpabilité, autant te jeter d'une falaise ! Et arrête un peu de tout rapporter à toi, de faire comme si les autres étaient juste trop c*ns pour comprendre. T'en sais rein, tu m'entends ? » Il crie. Il n'arrête pas. Il commence à te faire peur, à se faire craindre, plus que d'ordinaire. C'est à peine si tu cilles, ayant déjà du mal à figer ton regard dans le sien. Trop douloureux. « T'en sais rien de ce qu'on a pu vivre, pour certains. T'en sais rien, de ce que j'ai vécu moi. Si j'agissais comme toi actuellement, crois-moi que je ne serais plus là depuis longtemps. » Tu n'oses rien dire. Il est fort, tu ne l'es pas, et c'est comme ça. Fin mot de l'histoire. Ta fréquence respiratoire est descendue, peu à peu. À croire qu'il a réussi à te raisonner, suffisamment pour que l'envie de tout détruire finisse par passer. Il te relâche vivement. « Tu savais qu'un flingue, ça pesait déjà lourd. Maintenant, tu connais le poids d'un mort. C'est peut-être le premier, ce ne sera pas le dernier. Dis-toi que s'il n'était pas mort, la mission aurait été compromise, et bien d'autres auraient pu mourir. Qu'est-ce qui valait mieux ? Un agent, ou trois ? » Tu plisses les yeux, essayant de te raccrocher aux siens. Il ne faut pas qu'il te laisse tomber, pas maintenant. « Maintenant, c'est à toi de faire en sorte qu'il ne soit pas mort en vain. Donc tu vas passer à autre chose, compris ? » Passer à autre chose ? Mais comment peut-il te balancer cela avec autant de légèreté ? Comment fait-il pour demeurer aussi impassible. Tu baisses les yeux, ton regard se perdant dans le vague. « Comment est-ce que tu peux dire ça aussi facilement, Silas ? »  Il semble désespéré, il soupire. « Parce que, nous sommes ici pour ça, Théa ! Tu dois faire taire tes émotions, ta culpabilité. Tu es là pour défendre TON empire, protéger TON peuple. Tu tueras des gens, autant que moi j'en ai tué, si ce n'est plus. » C'est ce que tu voulais, en t'engageant. Servir ton empire. Tu savais qu'un jour où l'autre, tu devrais tuer. Et pourtant, tu ne veux pas entendre ce qu'il dit, même si c'est la stricte et pure vérité. « Comment tu fais pour te supporter, Silas ? Qu'est-ce qui... Qui te fait avancer ? Tu es un monstre, nous sommes des monstres, je... Comment... » Ta voix tremble, tu étouffes sous les sanglots qui t'accablent. Tu te rends compte que tu es cruelle avec lui ? Non, pas tellement. « Je ne peux pas ! C'est simple, je ne me supporte plus, Théa. » Il hurle, encore. Et rapidement, il pointe du bout de son index deux cicatrices qui ornent son flanc avec tant d'autre. « Tu vois ça ? C'est ça qui me pousse à continuer Théa. Pense à ceux que tu as perdu. » Toi, tu penses à tes parents. Mais tu n'es pas en mesure de comprendre encore ceux à qui lui peut penser. « Les personnes que tu aimes, tu vas les perdre, toute ta vie. En signant ici, tu as fait un pacte avec le diable. » Tu déglutis péniblement. Oui, ça, tu l'avais plus ou moins compris en arrivant ici. Il glisse ses mains sur tes épaules, plus doucement cette fois. « Oublie tout Théa. Oublie ta culpabilité, accepte sa mort, et celle de ceux que tu aimes. » Tu claques imperceptiblement des dents. « Je ne peux pas, ça fait... Trop mal. » Il secoue la tête, une drôle de folie naissant au fond de ses yeux. « Si, tu peux Théa. On peut tous le faire, c'est ce qui fera que tu te démarqueras des autres. » C'est ça la solution ? Oublier votre humanité ? « Non.. » Murmures-tu faiblement. « Ton seul ennemi, c'est toi-même... » souffle-t-il à son tour. Il se fait de plus en plus proche, et toi, tu recules tout en secouant la tête. « Tu es fou. » Un curieux sourire étire un peu ses lèvres. « On le devient tous Théa, par la force des choses... » Tout le monde le savait taré, le Burgess, mais à ce point... Tu en découvres un peu plus tous les jours. Mais, pour le coup, tu es absorbé par sa personne. Par ses yeux qu'il garde rivés sur toi. Il te fait peur. Il te fait frisonner. Au final, ça fait un bout de temps que tu le connais, mais tu ne sais toujours rien sur lui. Beaucoup de rumeurs circulent à son sujet, pourtant. Et si jusque là, tu les avais ignorées, aussi ignobles étaient-elles, tu devrais peut-être reconsidérer la chose... Il est beaucoup trop proche. Tu sens vos souffles qui se mêlent, vos lèvres qui se rapprochent. Non, il sait bien que vous ne pouvez pas. Vous n'avez pas le droit. Et en plus, les choses ne seraient plus pareilles. Tu recules le plus possible, jusqu'à ce que les cordes dans ton dos te fassent mal. « Silas, recule... » Une mise en garde. Ridicule, inutile. « Silas... » Un soupir, presque inaudible. Tentative vaine de le faire fuir, et finalement, ses lèvres se pressent contre les tiennes, dans un baiser imprévu. Un baiser qui te fait frissonner de tout ton être. Une erreur qui au final, se révèle être la plus agréable de toutes celles que tu as pu commettre dans ta vie...

+++

Tu en étais sûre, qu'elle finirait par te tomber dessus. Hayley Grahams. Toujours là où il ne faut pas, l'oreille attentive, le regard perdu, à la recherche du moindre détail, de la moindre histoire un peu croustillante à balancer au reste de la section. Bref, toujours est-il qu'aujourd'hui, elle est là pour toi. Elle te bloque contre un mur, alors que le couloir est désert. « Alors, c'était l'éclate cette nuit ? » Tu fronces les sourcils, croisant les bras. « De quoi parles-tu encore, Hayley ? » Elle sourit, penchant un peu la tête. « Allez, arrête de faire l'innocente, Earnshaw. On sait bien qu'il y a eu plus qu'un simple baiser, sur ce ring. » Tu soupires profondément, secouant la tête. Si seulement elle pouvait se rendre compte à quel point elle est pathétique, à fourrer son nez dans des affaires qui ne la concernent pas, de toute évidence. « Merveilleux, j'espère que tu t'es bien rincée l’œil, Grahams. Maintenant, je dois y aller, et toi aussi. Tu as encore cours, pas vrai ? » Tu appuies tes propos d'un sourire taquin, limite mauvais. D'habitude, tu n'aimes pas vraiment rabaisser les autres, mais pour le coup, c'est tellement simple. De lui rappeler qu'elle n'est toujours qu'une recrue, alors que tu es déjà activée. « Tu crois que le chef dirait quoi, hein ? Deux agents. » Tu te rapproches d'elle, vraiment, peut-être trop. T'en as strictement rien à faire. « Il ne dirait rien, car s'il l'apprend, je viendrai personnellement te voir Grahams, je te briserais la nuque, t'arracherais la langue que j'enverrais dans un petit paquet à tes frères et soeurs, et les krrrs boufferont tout le reste. Tu saisis, ou bien ? » Ton ton est incroyablement froid, et toi, sérieuse. Tu es limite flippante, là. Un sourire se dessine sur tes lèvres, à nouveau, et tu tapotes sur sa tête, filant déjà, tu n'as pas de temps à perdre. Pas pour elle.


Dernière édition par Théa P. Earnshaw le Mer 17 Juil - 20:14, édité 1 fois
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Théa P. Earnshaw
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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMer 17 Juil - 19:50




 
you gotta be strong, gotta move on.


Deux ans. Deux longues années passées à ses côtés. Tu le pensais dingue, complètement pété du casque. Mais, la réalité est un peu plus nuancée. Tu as appris à le comprendre, à appréhender ses réactions. Il est devenu quelqu'un d'autre pour toi ; quelqu'un de meilleur. Plus de sourires, plus de joie au fond de ses prunelles qui autrefois, te semblaient si vides. Un peu plus de chaleur, au fond de son coeur, comme dans le tiens. Il sait tout de toi, si ce n'est que tu ne t'appelles pas réellement Théa Earnshaw, mais, tu ne juges pas vraiment que c'est important. C'est Théa qui est rentré au SCI. Théa qui semble si heureuse à ce jour, dans les bras du brun. Lui t'a tout raconté, tout expliqué. Pourquoi est-ce qu'il était devenu aussi froid et spécial. Les démons de son passé, et ceux de son présent ; tout ce qui gravitait autour de sa personne. Vous vous êtes apprivoisés, au fil des jours, des semaines. Quelques mois à peine, et vous emménagiez tous les deux dans une villa tranquille de Spes. La belle vie quoi. Malgré le boulot, le danger constant qui vous enveloppe... L'inquiétude de l'un pour l'autre, quand il part en mission, que ce soit à l'étranger, ou que celle-ci soit tout simplement un peu trop dangereuse... Deux agents qui filent le parfait amour, tout en demeurant deux éléments de choix du SCI. C'est presque un peu trop beau, un peu trop parfait. Et comme toujours, la Fortune est obligée d'intervenir ; non pas pour vous aider, mais plutôt pour vous détruire.

+++

« Allô, Théa ? » Tu récupères l'élastique à cheveux que tu pinçais entre tes lèvres, le posant sur la petite étagère du meuble de salle de bain. C'est bien plus pratique pour parler au téléphone. « Ismaël ? » Finalement, tu poses le téléphone sur la surface plate, le mettant en haut parleur. Comme ça, tu peux finir de te préparer dans les temps, sans risquer d'être en retard à ton boulot de couverture. Tu as un cours ce matin, sur les langues terriennes. « Théa, il faut que tu viennes... » Tu fronces un peu les sourcils. « Isma, ça aurait été avec plaisir, mais j'ai un cours dans quelques minutes et je ne dois pas être en retard... » Il te coupe immédiatement. Tu sens quelque chose dans sa voix, quelque chose de tremblant. De sombre. « C'est urgent Théa, vraiment. Ça concerne Silas. » Tu ralentis immédiatement tes gestes, te concentrant plutôt sur la voix qui sort du portable. « Rejoins-moi, je suis dans le quartier des muses, ruelle du persan. Fait vite. » Tu hoches la tête, par pur automatisme puisqu'il ne peut pas le voir, avant de souffler un rapide « d'accord. » Suite à quoi tu enfiles tes bottes sombres, et ta veste noire, filant à toute vitesse à l'extérieur. Le quartier des muses n'est pas vraiment fidèle à son nom. C'est un quartier plutôt craignos, en réalité. Non pas que l'on risque de se faire égorger à chaque fois que l'on s'y rend, mais il se dit que c'est par là-bas que circule une partie de la drogue d'Anarkia. Tu soupires un peu, descendant au garage. La camaro z28 est encore là, étant donné qu'il a pris la moto, la dernière fois que tu l'as vu. Bien c'est déjà ça de gagné, tu vas pouvoir t'y rendre plus rapidement que prévu.

Une dizaine de minute s'écoule, à peine. Tu es sur les lieux, et ce que tu vois ne te plaît pas. Tout le périmètre est bouclé, à deux endroits, par la police. Tu fronces un peu les sourcils au début, empruntant la ruelle qu'Ismaël t'a désignée un peu plus tôt au téléphone. Tu l'aperçois d'ailleurs au loin, debout, à te regarder. Il est effroyablement neutre, comme la plupart des agents. Personne ne connaît votre réelle identité, même pas la police, mais sa couverture d'officier dans la brigade d'investigation lui permet quelques passes droit, c'est pour ça qu'il est là. Là où personne n'a le droit d'accéder. Tu t'approches de lui, au début, perplexe. Tu t'arrêtes juste devant, et il te regarde longuement. Tu ne sais pas ce qui se passe et honnêtement, cela commence à te taper sur le système. « Pourquoi tu m'as appelée, Ismaël ? » Il serre les dents et baisse les yeux. Il n'ose rien dire. « Dis-moi, qu'est-ce qui se passe ? » Tu insistes, et c'est au bout de quelques interminables secondes qu'il reprend la parole. « Je suis désolé Théa. Je suis sincèrement désolé. » Tu plisses un peu le front, adoptant une attitude inquiète et confuse. De quoi est-ce qu'il parle, hein ? Tu as peur. Peur, car cela concerne Silas, apparemment. Tu regardes par-dessus son épaule, curieuse de savoir ce qui se trouve en arrière plan, et c'est là que tu le vois. Au sol. Ton coeur loupe un bond, puis deux. Tu es juste paralysée, incapable de prononcer le moindre son, alors que tes yeux s'humidifient plus que de raison. Non. Pas lui. Pas Silas. « Non... » Murmures-tu d'abord, dans le déni. Tu secoues la tête, dansant d'un pied sur l'autre, comme si tu allais perdre l'équilibre. Non, pas lui. Ça ne peut pas être lui. « NON ! » Rugis-tu finalement, alors que tu fonces vers la scène de crime. Ismaël te retient pourtant, te capturant entre ses bras puissants. Mais rien n'y fait ; la haine, la douleur, tout cela te rend plus forte que jamais sur l'instant, et tu finis par le repousser pour te précipiter à ses côtés. « Silas ! » Tu commences à crier, à t'énerver. Tu ravales tes sanglots, tu tentes de le secouer. Il est mort. Mort. Mais, tu es encore et toujours dans le déni. Parce que ce n'est pas possible. Parce qu'il n'a pas le droit de partir. Par lui, pas maintenant, pas aujourd'hui. Tu glisses tes mains dans ses cheveux bruns, à l'arrière de son crâne, tu te penches un peu sur lui pour l'embrasser, rien qu'une fois. Comme si cela allait changer la donne. Rien ne se passe, et tu recommences. Mais non, c'est inutile, et tu finis bien vite par te raviser, gardant ton front contre le sien alors que tes larmes perlent par centaines sur tes joues tièdes. Pourquoi lui. Pourquoi Silas. « Non Silas... » Des murmures qui s'échappent d'entre tes lèvres, alors que ton corps tout entier est secoué par les sanglots. La souffrance est grande, tu as l'impression que l'on vient de t'enfoncer un poignard dans le corps. Un quart d'heure s'écoule avant que tu ne te décides à rouvrir les yeux, à arrêter de hurler comme une hystérique. Tu te laisses juste tomber sur les fesses à côté de lui, rapportant tout ton corps contre toi, enserrant tes genoux de tes bras. Les larmes coulent toujours, même inconsciemment, et tu n'as d'yeux que pour son corps. Il est pâle, froid, sans vie. Tu as le hoquet par moments, et il se calme à d'autres. C'est terrible, car tu parviens à te calmer, lentement. Comme il te l'a appris... Rien que cette idée te donne envie de pleurer de plus belle, et pourtant... Tu glisses affectueusement le bout de tes doigts de ta main gauche dans ses cheveux, attrapant de l'autre main une des siennes que tu presses doucement. Tu te souviens de ses doigts brûlants, qui parcouraient ta peau. Aujourd'hui, ce sont les tiens qui les réchauffent. Un autre quart d'heure s'échappe. Désormais, les larmes ne coulent plus. Le hoquet n'est qu'un lointain souvenir. Les sanglots ont déjà pris la fuite. Tes joues sont sèches, tes yeux ont retrouvé leur teinte naturelle ; aucune trace des larmes. Tu déposes un dernier baiser sur ses lèvres, brièvement. « Je t'aime Silas. Je lui ferai payer ça, je te le jure. » et tu te relèves. Un dernier regard, un seul. Il a l'air paisible, endormi... Comme le matin, quand tu te réveillais avant lui. Il a l'air tranquille, malgré les multiples plaies à demi-sèches qui décorent son corps.

Pourquoi est-ce que tu ne pleures plus ? Pourquoi est-ce que tu as l'air aussi neutre, soudainement ? Aussi indifférente ? Tu appliques sa méthode. Tu acceptes sa mort, du moins, en apparence, puisqu'à l'intérieur, tu es plus fragile que jamais. Tu es froide, presque effrayante lorsque tu reviens vers Ismaël, plongeant ton regard de glace dans le sien. « Qui a fait ça. » Une interrogation. Un ordre. Il secoue un peu la tête, murmurant sa réponse. « On en sait encore rien, Théa... » Tu hoches la tête sans rien ajouter. « Merci de m'avoir prévenue, Ismaël. » Il sourit légèrement, acquiesçant en silence, avant de te prendre dans ses bras. C'est ce que toute personne normale ferait, après tout. Alors, tu te laisses aller dans son étreinte, doucement. Ismaël appréciait Silas. Parce qu'ils se respectaient mutuellement. Parce qu'il le connaissait bien, et qu'ils avaient fait leurs classes ensembles. Mais, celui qui doit souffrir le plus sur l'instant, c'est Ethan. Il souffre de cette perte autant que toi, tu peux en souffrir. Parce qu'il était le coéquipier favori Silas, il était recrue à la même époque que toi et pourtant, Silas était son meilleur ami, un deuxième frère. Le trio infernal ; les deux Whittemore, à savoir Ismaël et Ethan. Et Silas Burgess, la tête brûlée. Tu relâches un peu ton étreinte, détaillant Isma à nouveau. « Tu diras à ton frère à quel point je suis désolée. Et s'il veut me voir, il sait où me trouver. Encore merci, Ismaël. » Ton regard est vide, ton coeur plus creux que jamais. Tu lui offres à peine un pauvre sourire, et tu le contournes, t'éloignant d'ici, à pas lents. Comme un zombie. T'as pas le droit d'être faible Théa. C'est ce qu'il t'aurait dit. Et pourtant, tu n'as qu'une seule envie ; t'enfermer chez toi, et pleurer. Pleurer comme jamais, pour la première fois, depuis bien des années.

+++


Tous ces gens, présents, vêtus sobrement. Ils sont assis, en silence, sur des rangées de chaises qui s'étendent sur des mètres, à côté de la tombe. C'est l'heure des discours, des adieux. Un processus normal, dans tout deuil. L'enterrement. Cette idée ne te réjouit pas, pas plus qu'elle ne réjouit les autres. Un enterrement, c'est toujours triste. Toujours sombre, funeste, à l'image de l'événement qu'il représente. Tu te fais la brève réflexion qu'il est dommage qu'aucune famille ne soit là pour lui, aujourd'hui. Mais quelque part, c'est rassurant, car il n'y en aura pas pour toi non plus. Ta famille, la sienne à ce jour, ce sont les autres agents. Ceux que vous appréciez, ceux que vous détestez. Toute ton ancienne classe est là, et la sienne aussi, s'ajoute à ces vingt agents, quelques uns de vos instructeurs, dont le coach Hooper. Un haut placé ouvre le bal des grandes phrases, montant sur la petite estrade qui a été dressée à côté de son portrait, et des multiples bouquets mortuaires en décorent les pieds. Assise entre les deux frères, tu presses leur main dans les tiennes, gardant tes yeux rivés sur l'homme qui prend la parole. « Silas Burgess était un des meilleurs. » Ils disent toujours ça, de toute façon. Qui aurait été dire le contraire ? Qui irait cracher sur un mort ? Lorsque quelqu'un rend son dernier souffle, on souligne toutes ses qualités. Mais, on ne rappelle jamais à quel point cette personne avait des défauts, de son vivant. Silas avait les siens aussi, autant qu'il avait de qualités. Mais personne n'ose le rappeler, et encore moins toi, pour tout le respect que tu lui dois. « Héroïquement, comme pour bien d'autres, il a donné sa vie pour son empire. Ce soir-là, alors que, comme depuis deux ans, il se replongeait dans son rôle de membre du gang, il ne se doutait pas qu'il serait pris pour cible, comme les autres. Il n'avait aucune idée, en prenant cette identité, pour le bien de sa nation, qu'il en subirait les conséquences. » Il baisse un peu les yeux, prenant un peu plus appui sur le meuble. Dans les journaux, c'est ce qu'ils diront, de toute façon. Hors de question de parler du bureau du SCI. Non, ce que les autres liront, ce sera la couverture qu'il avait en infiltration dans ce gang. Toi, tu arrêtes d'écouter, car de toute façon, tu ne parviens pas à te concentrer sur ce qu'il a à dire. Les autres le regardent d'un oeil fixe, et tu fais de même, derrière tes lunettes sombres. Le doyen achève son discours, et redescend silencieusement pour rejoindre les rangs. À qui le tour ? Toi, bien évidemment. Tu relâches la main des deux garçons, te levant, un peu fébrile, pour rejoindre l'estrade. Tu serres et desserres nerveusement les mains, rangeant un papier froissé au fond de la poche de ta robe noire. Quelle idée, d'écrire un discours. Il n'en aurait pas voulu, et toi non plus. Tu pinces un peu tes lèvres, avant d'attraper tes lunettes que tu plies soigneusement, les déposant sur le pupitre de bois. Tu as l'air plus pâle que jamais, et tes yeux sont tout aussi transparents, comme si la mort de l'être aimé t'avait tout enlevé, jusqu'à ton âme. Tu regardes l'assemblée, soupirant un peu. « Il est inutile de s'étendre, inutile de chercher des mots, d'écrire tout un discours. Il n'aurait pas voulu de ça. Ne doit-on pas respecter les volontés du défunt ? Peu de gens connaissaient Silas, aussi bien que moi, Ismaël et Ethan, on le connaissait. Il était certes, particulier, trop franc, et brusque. Mais il était tellement plus, aussi. On avait réussi à trouver son bon côté, à le faire briller, rien qu'un peu. Ce n'était pas grand-chose, mais au final, c'était beaucoup. » Tu renifles un peu, marquant une pause, alors qu'un léger sourire vient orner tes lèvres. « Tous les trois, on peut je pense affirmer, qu'il n'aurait pas voulu que l'on pleure, que l'on s'apitoie sur son sort. Il n'aurait même pas voulu que tant de gens viennent pour lui. Je crois que, nous lui devons beaucoup. Tous les trois, et peut-être que vous aussi, vous lui devez quelque chose. Mais qu'importe, aujourd'hui, comme avant, il ne serait jamais venu vous demander quelque chose en retour. Car malgré tout ce que les gens ont dit sur lui, toutes ces rumeurs qui ont longtemps circulé à l'école, Silas était une personne généreuse, et protectrice avec ses proches. D'après vous, il avait certainement plus de défauts, que de qualités. Permettez moi de m'avancer, en vous répondant que vous ne saviez rien de lui. Et quand bien même vous le connaissiez un tant soit peu, c'est que vous n'avez pas eu le temps de découvrir qui il était réellement. Tout ce qu'il avait à partager, mis à part de la colère. » Tu termines ta phrase sur un petit rire nerveux avant de reprendre une dernière fois, ton sourire se faisant un peu plus sincère. « Comme le proverbe le dit ; tu ne dois pas pleurer pas parce que c'est fini, mais tu dois sourire, parce que c'est arrivé. C'est ce qu'il aurait voulu. Qu'on aille de l'avant, comme lui savait si bien le faire, certainement même mieux que nous tous réunis. Essayons d'avancer, et de le garder en mémoire, comme lui l'aurait fait. » Il y a comme un soupçon de joie, qui finit par naître dans ton coeur. Un soulagement. Comme si ce que tu viens de dire t'a enlevé un poids, à l'intérieur. Il y a quelques larmes qui coulent sur tes joues, mais, ce n'est pas de la tristesse, non. C'est... De la joie ? Un drôle de mélange, qui t'aide à garder ton sourire, face à la petite assemblée. Ils sont tous neutres, froids. Tu aperçois le regard d'Ethan, qui est presque au bord des larmes. Vous souffrez, tous. Mais vous le cachez, comme on vous l'a si bien appris.

Contre toute attente pourtant, Ismaël se relève de sa chaise, entamant d'une voix forte la devise du SCI. « Semper ad meliora. » Tu as à peine le temps de te concentrer sur lui qu'un autre élève se redresse. « Semper anticus. » Ils se succèdent, rapidement. « Semper fidelis. » Qu'il s'agisse de personnes de sa classe à lui. « Semper fortis. » Ou de la tienne. « Semper paratus. » Même cette fameuse Hayley finit par se lever. « Semper primus. » Une courte pause est marquée par un lourd silence, alors que les six anciens élèves sont debout, le regard fixé sur l'horizon. Finalement, un dernier se lève. C'est Ethan. « Semper invicta. »


Dernière édition par Théa P. Earnshaw le Lun 29 Juil - 21:42, édité 1 fois
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Théa P. Earnshaw
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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMer 17 Juil - 20:38



 
you have the heart of a wolf.


Plus de pitié, plus de compassion. Plus rien que la machine à tuer que tu es devenue. Tu es prête à enchaîner les missions du SCI, sans aucun scrupule. Tu vas abattre les obstacles, franchir les étapes sans encombre. Plus rien peut te freiner, maintenant que Silas est mort. Tu te répètes sans cesse que, avec un peu de chance, dans ceux que tu vas tuer, il y aura peut-être le meurtrier de ce dernier. Et au cas contraire, tu aimerais tant le retrouver, histoire de lui faire passer les pires instants de sa vie, avant de le faire crever, le plus douloureusement possible. Une semaine que le beau brun est six pieds sous terre, et la soif de vengeance est plus que jamais présente. Tu as déjà fait une vingtaine de fois le tour de Spes, pour faire un quadrillage et mener ta propre enquête par la suite. Ce soir, c'est une boîte d'un quartier voisin, qui fait office de point de départ. Tu attends qu'un pauvre idiot s'approche un peu de trop pour le prendre à part, et lui poser quelques questions. Après tout, dans le monde de la nuit, tout le monde est au courant de tout, non ? Surtout dans de tels quartiers où la drogue circule comme du chocolat.

Une heure s'écoule, tu es dans la ruelle à l'arrière de la boîte, une rue déserte. Tu pointes le canon de ton arme sur sa personne, menaçante. « Alors, tu vas me dire oui ? » Dire quoi ? S'il est au courant de quelque chose. Ce dont tu lui parles semble plutôt être du chinois, à ses oreilles. Il ne voit pas du tout de quoi tu veux parler, et il est crédible, vu la tronche qu'il tire. Par pure intimidation, tu tires par terre, juste à ses pieds. Il rampe un peu sur le dos, effrayé. « Je-je-je-je sais rien, j'te-te jure-re ! » Tu hausses les sourcils, penchant la tête sur le côté. Tu veux le faire flipper. Non seulement cet abruti ne sait rien, mais en plus, il t'a abordé à l'intérieur. Bien, merveilleux. Tu rumines quelque chose, le menaçant encore un peu. « Allez, c'est bon, dégage de là, crétin. » Il n'en demande pas plus, dérapant un peu par terre, il détalle comme un gibier devant le prédateur ; loin, très loin de toi. Soupirant profondément, tu ranges le flingue où il était initialement, dans ta pochette.

Et c'est à ce même moment que quelqu'un t'attrape par derrière, t'étranglant de son avant-bras. Par automatisme, tu lâches la pochette, attrapant plutôt le bras en question pour te dégager, ce qui n'est pas simple, évidemment. Alors tu fais la première chose qui te vient à l'esprit pour que ton agresseur te lâche ; tu tapes du talon dans son pied. Précisons d'ailleurs que tes chaussures ne sont autres que de hauts escarpins, et par conséquent, l'autre doit sévèrement douiller. Franchement, tu n'en as rien à faire de son état, dans qu'il te relâche. Ce qu'il fait sur l'instant d'ailleurs, te plaquant violemment contre le mur de briques rouges. Tu gémis un peu de douleur, avant de te retrouver bloquée contre la façade. Super. Tu essayes de bouger, d'envoyer ton genou en avant, mais l'inconnu t'en empêche, venant immédiatement s'attaquer à ton cou. Un vampire. Tu aurais dû t'en douter, dans ces ruelles malfamées. Tu rugis péniblement, c'est qu'il te fait mal. « Dégage de là ! » C'est ce que tu finis par siffler, agressivement. Mais tu as beau le frapper, il ne bouge pas, ayant naturellement bien plus de force. « Lâche-la. » Une voix, encore inconnue. Et pourtant, elle te semble si familière. Le vampire ne te lâche pas pour autant, et c'est alors que tu l'aperçois, elle. Une femme qui se détache de l'ombre, virant avec aisance la créature qui te mordais jusque là. Tu passes une main sur ton cou, comme par réflexe pour stopper toute hémorragie, et tu la regardes, de tes grands yeux bleus. Qui est-elle ? Qu'est-ce qu'elle te veut ? Tu comprends bien vite qu'elle aussi, est une créature de la nuit, et tu recules jusqu'au mur, la détaillant d'un œil avisé. « Qui êtes-vous. » Fais-tu sèchement. Un fin sourire étire ses lèvres rouges, alors qu'elle s'approche un peu plus de toi.

« Tu me connais déjà, Théa. Ou peut-être devrais-je dire Reaghán. » Tu fronces les sourcils, feignant l'indifférence. « Vous vous trompez de personne. Moi c'est Théa. Théa, et rien d'autre. » Elle penche un peu la tête sur le côté, et doucement, tu viens récupérer une lame dans la poche arrière de ton pantalon. Elle s'en rend compte, et ce, sans même avoir besoin de détourner son regard du tiens. « Elle te sera inutile, malheureusement. » Tu es à la fois agacée, et perplexe. Qui est-elle ? Comment connaît-elle ton prénom, ta vraie identité ? Elle te perturbe. Tu la détailles, comme si tu la connaissais. Tu as l'impression de l'avoir déjà vue quelque part, et pourtant, rien n'y fait, tu ne t'en souviens pas. « Et non, tu n'es pas Théa et rien d'autre. Tu es Reaghán Bräeckburn, descendante par ton père de la lignée des Bräeckburn. » Elle croise les bras, commence à faire les cent pas. « Je crois qu'il faut que l'on parle, de quelque chose d'important. » Tu plisses un peu les yeux, cherchant de voir où elle veut en venir. Comment fait-elle pour en savoir autant ? Les seuls qui sont au courant, ce sont ta famille d'accueil, et le chef du bureau du SCI. Elle commence à marcher vers la nuit, et c'est sans réfléchir que tu lui emboîtes le pas, arrivant à sa hauteur. Trop de mystère, tu es bien trop curieuse pour la laisser partir comme cela. Elle ne retourne même pas ses yeux glacés vers toi, non. Elle regarde en face, telle une visionnaire. « Qui êtes-vous ? Comment est-ce que vous savez, pour moi ? Qu'est-ce que vous me voulez ? » Des questions. D'habitude, ce sont les autres qui en posent. Là, c'est à ton tour d'y passer. Tu veux en savoir plus. Ce curieux sourire ne quitte toujours pas ses lèvres, et toi, tu la regardes. Elle demeure pourtant silencieuse, et tu n'insistes pas, jusqu'à ce que vous arriviez au bout d'un quai. Il n'y a personne, juste vous deux, éclairées par la faible lueur d'un lampadaire. Elle pose ses mains sur la rambarde, regarde la mer. Tu fais de même, mais ton regard demeure fixé sur sa personne. Les yeux couleur océan, les cheveux d'ébène. « Je suis Scáth Bräeckburn. » Tu fronces un peu les sourcils sur l'instant, avant de te mettre à rire nerveusement. « Bien sûr... » Tu secoues la tête. C'est vrai qu'elle te ressemble plus que de raison, mais franchement, ce mensonge est gros comme une maison. Elle se détourne vers toi, te regardant. « Tu voulais connaître mon identité, la voilà. Mais, tu n'es pas obligée de me croire, Rae. » Ouh là. Ça devient presque flippant... Qu'elle utilise ton surnom, qu'elle connaisse le prénom de ton ancêtre, ta vraie identité... Tu secoues un peu la tête. « Scáth est morte il y a des siècles déjà, arrêtez de vous payer ma tête, les blagues les plus drôles sont aussi les plus courtes. » Elle reste de glace, te détaillant, froide. « J'ai l'air d'être une blague, Rae ? Ton père t'a sûrement raconté la légende, pas vrai ? Ce n'est pas une légende. C'est l'histoire de ta famille. Libre à toi de me croire, ou non. » Tu fronces un peu les sourcils. C'est qu'elle continue, en plus. « Pff. » Voilà ce qui s'échappe d'entre tes lèvres. Un soupir partagé entre l'agacement, et l'exaspération. « Très bien. Si tu ne me crois pas, il est inutile que je reste ici plus longtemps. Passe une bonne soirée, Rae. » Ces derniers mots, elle les prononce dans le dialecte qu'ils utilisaient à l'époque. Un langage très ancien, oublié depuis longtemps. Tu écarquilles les yeux, alors qu'elle est déjà quelques mètres plus loin. « Attendez ! » Elle s'arrête immédiatement, faisant volte-face. « Je crois qu'on a besoin de parler. » Oh que oui, et pas que quelques minutes.

Tu es de retour à la villa, tu l'invites à rentrer, venir boire quelque chose à l'intérieur, au chaud. Elle ne se fait pas prier, et vous vous installez dans le salon. Voilà un petit bout de temps que vous parlez déjà, notamment sur elle, et un peu sur toi. Tu es toujours aussi peu crédule, mais, tu lui fais confiance, alors que d’ordinaire, tu ne crois personne. Peut-être que là, par la force des choses... Trop de points en commun, trop d'informations sur lesquelles elle ne s'est pas trompée un seul instant.. Son histoire, tout tient debout. Elle t'a même avoué qu'elle te surveille de loin, depuis ton plus jeune âge. Elle soupire un peu, croisant ses bras contre sa poitrine, confortablement assise sur un des sofas. « Écoute, Rae, il faut que tu saches quelque chose. Tu as le droit de ne pas me croire, et je le comprendrais, ça ferait beaucoup à encaisser pour ce soir, mais... Quand tes parents sont morts, que t'a dit ta famille d'accueil ? » Tu fronces un peu les sourcils, secouant la tête. « Mes parents étaient des cibles de la Vox Populi, et ma mère est apparemment tombée sur des dossiers compromettants pour la Vox... Du coup, ils ont voulu éliminer les preuves, en les tuant. » Elle baisse un peu les yeux, et tu ne comprends pas tellement pourquoi. On dirait qu'elle a quelque chose à t'avouer, et elle soupire profondément, avant de te fixer de ses yeux océans, encore. « Il est important que tu saches une vérité, juste une dernière. Elle concerne la mort de tes parents, plus précisément, l'identité de leurs meurtriers... Et les réels motifs de cette exécution. » Tu te penches un peu en avant, dépliant des jambes du fauteuil pour que tes pieds touchent le sol. Qu'est-ce qu'elle est en train de te raconter ? Tu presses un peu plus la tasse brûlante au creux de tes mains, plus que jamais attentive. « Tes parents ne sont pas des victimes de la Vox Populi. Tes parents ont été tués par les services secrets, lesquels ont tout mis sur le dos de l'organisation anarchiste. Tu étais censée mourir, toi aussi. » De but en blanc. Comme ça, d'un coup. Tu te figes complètement, et c'est à peine si tu respires. Avant de brusquement reposer ta tasse et te relever, d'un bond, commençant à faire les cent pas dans la pièce. « Non, c'est faux. C'est complètement faux. J'ai bien voulu te croire jusque là, mais... Non, arrête. » Elle hausse un peu les sourcils, soupirant. « Je me doutais bien que tu ne me croirais pas... » Tu lèves les bras, avant de les laisser retomber, claquant contre tes jambes. « Tu te rends compte de ce que tu es en train de dire ? Tu remets en cause toute ma vie, là. C'est... On aurait peut-être dû s'arrêter à l'hypothèse que tu étais mon ancêtre. » L'hypothèse ? C'est évident, avec toutes les preuves qu'elle t'a données. Mais là, ça... Non, tu refuses d'y croire. Par que tu fais partie du SCI et on te l'aurait dit. Parce que ta famille d'accueil te l'aurait dit. « Tes parents étaient des membres actifs du SCI, ils avaient trouvé certains éléments contre l'empire, et les autres nations en général. Ils ont été impliqués dans cinq attentats de la Vox Populi, et la plupart de ces attentats ont fait des morts. Tu te doutes bien qu'ils n'allaient pas passer par un procès, ils étaient condamnés d'avance, alors, ils devaient faire passer cela pour un accident. Tu devais mourir avec eux, mais vu que tu t'en es sortie, c'est aussi pour cela que tu as changé d'identité. Pour que jamais, personne ne fasse le lien avec la famille Bräeckburn. Accepte-le ou non Rae, c'est la vérité. » Tu secoues la tête négativement, glissant tes mains dans tes cheveux. « Non, non... Mes parents ne faisaient pas partie de la Vox, ce n'est pas... Possible. » Elle hausse un peu les épaules. « Et pourquoi ? Lors de l'incendie, je t'ai récupérée dans ta chambre, et je suis partie. À toi de le croire ou non, Rae, je ne pourrais pas t'y forcer, je n'ai aucune preuve tangible. Tu connais bien les missions des services secrets, pas vrai ? Bien sûr que tu les connais. Tu peux même avoir accès à leurs dossiers, avec un peu de chance. Cherche dans les vieilles opérations, on en reparlera. » Le cœur au bord des lèvres, tu commences à hoqueter silencieusement. C'est la panique qui revient. L'idée que toute ta vie ne soit qu'un mensonge te rend dingue. Tu te laisses retomber sur le fauteuil, le regard dans le vague, et tout devient silencieux. On dirait que même ton cœur s'est arrêté de battre.
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Théa P. Earnshaw
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Théa P. Earnshaw


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MessageSujet: Re: THÉA ♆ hear me roar.   THÉA ♆ hear me roar. Icon_minitimeMer 17 Juil - 20:48



 
no more pity,
time to show them who you really are.


Voilà trois ans que tu connais la vérité. Trois ans que tu as compris que toute ta vie était basée sur un mensonge. Tes parents n'ont jamais été des gens rangés, des gens biens, selon le point de vue de l'Empire. Ils étaient des anarchistes, et ils ont été abattus. Et toi, dans tout ça ? Tu t'en es sortie, et c'est de toute ta volonté que tu t'es engagée dans les services secrets, sans même savoir qu'ils étaient les assassins de tes parents. Tu es retombée sur le dossier de cette opération. Phénix. À croire qu'elle portait bien son nom, puisque tu es née des cendres de ta famille. Après cette révélation, tu as pu revoir Scáth, en reparler. Et si au début, tu avais pour idée de réduire à néant la base du SCI, elle t'a retenue, te faisant comprendre que ce n'était pas ainsi qu'il fallait agir. Non. Il fallait les détruire lentement, de l'intérieur. Bousiller leurs opérations, sans qu'ils ne puissent s'en rendre compte... bien entendu, tu travailles toujours pour eux. Tu passes toujours pour l'agent parfait, fidèle à son empire. Tu exécutes tes missions à la perfection... C'est une vengeance sur le long terme, en réalité. Scáth t'aide dans ta démarche, et c'est hors du boulot que tu exécutes indirectement pour le compte de la vox quelques personnes gênantes... Ils ne retrouvent jamais le meurtrier, pour la bonne et simple raison que c'est toi, la meurtrière. Comment capturer quelque chose qui n'a pas de nom ? Comme retracer la piste des meilleurs assassins de l'empire ? Personne n'attrape une ombre. Et c'est bien ce que signifie Scáth, dans cette ancienne langue terrienne ; l'ombre. Tu joues un double jeu, et ça te plaît. Tu comptes bien venger les tiens, jusqu'au dernier... Et tant qu'à faire, aider à la chute des Tudors. Après tout, une démocratie serait tellement plus juste... Et tu es censée représenter la justice, pas vrai ? Rien que cette idée te fait sourire. Il est temps de faire bouger les choses, à Cinis Luna. Et plus que jamais, tu comptes bien prendre part au combat.

Tu sors rapidement de tes pensées, regardant la lunette de ton sniper. La route qui traverse les plaines est déserte, seule une voiture y passe. « C'est lui. » murmure Ethan. Tu retiens ton souffle un instant, visant le réservoir d'essence. Une balle, une seule, la voiture explose. « Touché. » Tu souris franchement, te retournant vers lui. « Perspicace. » Il rit un peu et secoue la tête, rappelant plutôt le bureau. « Mission réussie, demande d'extraction. » Tu souris doucement, ranges rapidement le fusil et lorsque c'est fait, tu te laisses retomber sur le dos dans l'herbe. Il fait de même, sauf qu'il te regarde. « Ça fait trois ans jour pour jour, qu'il est mort. » Tu plisses un peu les yeux, plongeant ton regard dans le sien. « Oui. » Il finit par baisser les yeux, soupirant un peu. Tu attrapes inconsciemment sa main dans la tienne, le détaillant toujours. « Tu crois qu'il dirait quoi, s'il nous voyait aujourd'hui ? » Tu hausses un peu les épaules, déglutissant. « Il dirait que l'on doit continuer à avancer. Pour tous ceux que l'on a perdus. Pour notre famille. Pour nos amis. Et pour lui. »
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